Atlas de l'environnement du Morbihan

Les milieux naturels

L'état des connaissances

Les surfaces d'espaces dits “naturels” (c'est-à-dire peu artificialisés, même s'ils ont le plus souvent été ou sont façonnés par l'homme via des pratiques économiques, culturelles ou sociales, traditionnelles ou globalement entre 20% (source : Corine Land Cover 2006) et 25% (source : enquête teruti 2004) du territoire départemental (Cf. Carte 1), soit de l'ordre de 135 000 à 170 000 ha.

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Carte 1

Carte 1 : Espaces peu artificialisés dans le Morbihan en 2006

Les espaces pouvant être identifiés, à divers titres, comme étant d'intérêt écologique plus remarquable représentent quant à eux plus de 34 000 ha (hors espaces maritimes) soit plus de 5% de la surface du Morbihan (Daniel & Hubaud, 1996).

Les principales sources de connaissances organisées sur les milieux naturels sont :
  • les cartographies “Natura 2000” : les sites retenus au titre du réseau “Natura 2000” (les Zones Spéciales de Conservation -ZSC- désignées au titre de la Directive “habitats” du 21 mai 1992 et les Zones de Protection Spéciale -ZPS- désignées au titre de la Directive “oiseaux” du 6 avril 1979) ont été identifiés comme étant des territoires dont la conservation est d'intérêt communautaire. Ils font l'objet de cartographies des habitats naturels sur la base d'une typologie précise, puis de documents d'objectifs (DOCOB) -Cf. chapitre : “La protection et la gestion du patrimoine naturel et des paysages”-.
  • les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) : cet inventaire de l'Union Européenne vise à définir et cartographier des zones cohérentes sur le plan écologique. Il sert de base pour la désignation des ZPS.
  • les Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) : cet inventaire national vise à identifier les espaces naturels abritant des espèces rares ou menacées ainsi que des écosystèmes riches et peu modifiés par l'homme. Il distingue les ZNIEFF de type 1, caractérisées par leur intérêt biologique remarquable et de superficie généralement limitée, et les ZNIEFF de type 2, qui constituent des grands ensembles naturels riches et peu modifiés.
  • les secteurs de référence du Réseau Benthique (REBENT) : ce projet a été initié après le naufrage de l'Erika. Il vise à l'acquisition de connaissances sur les espaces benthiques, intertidaux et subtidaux, notamment par le biais de cartographie des biocénoses.
  • le programme “état de référence de la flore et de la végétation littorale terrestre” : mené par le Conservatoire National Botanique de Brest de 2000 à 2003, ce programme a établi une cartographie au 1/5 000ème des habitats naturels du littoral.
Il existe peu de vastes espaces naturels homogènes dans le Morbihan, mais plutôt une mosaïque de milieux imbriqués, de nature diversifiée et de superficie assez réduite. La valeur et la spécificité du patrimoine naturel morbihannais sont fortement liées à cette imbrication d'habitats naturels plus ou moins interconnectés.

Plusieurs pôles majeurs d'intérêt écologique se distinguent néanmoins dans le Morbihan (Cf. Carte 2) : la frange littorale et les îles, la zone des landes de Lanvaux, l'est du département (marais de Vilaine, forêt de Brocéliande...) et l'ouest du département (bassin du Scorff et de l'Ellé, secteurs des Montagnes Noires et de la forêt de Quénécan...) (Daniel & Hubaud, 1996).

Plusieurs grands types de milieux naturels peuvent être distingués et caractérisés dans le Morbihan, même si les données disponibles ne permettent pas toujours de connaître de façon fiable et précise leur état et leur évolution.

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Carte 2

Carte 2 : Principaux secteurs d'acquisition de connaissances organisée
sur les milieux naturels (ZNIEFF, sites Natura 2000 et secteurs de références
REBENT) dans le Morbihan en 2008

Les milieux naturels du Morbihan

Les bois et les forêts

Composées de nombreuses strates de végétation (arbres, arbustes, herbes, mousses), les forêts abritent une grande diversité biologique et assurent des fonctions écologiques importantes.

Le Morbihan est le département breton le plus boisé. Les bois et forêts s'y étendent actuellement sur une superficie d'environ 114 000 ha (IFN, 2010) à 135 000 ha (Agreste, 2008). Ils couvrent ainsi 17 à 19,7% du territoire départemental  suivant les sources, ce qui reste assez modeste au regard de la moyenne nationale qui s'établit à 29,2% (IFN, 2010).
La forêt morbihannaise est en grande partie privée, très morcelée (en moyenne 1,2 ha par propriétaire), composée à environ 60% de feuillus et 40% de conifères -ce rapport étant d'environ 70%/30% à l'échelle de la Bretagne- (IFN, 2010).

Les essences dominantes sont le chêne pédonculé et le pin maritime (IFN, 2010).

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Carte 3

Carte 3 : Forêts du Morbihan en 2006

Dans le département, plusieurs secteurs géographiques sont particulièrement boisés (Cf. Carte 3) : les territoires à l'ouest d'une ligne Pontivy-Auray, les landes de Lanvaux et le nord-est avec les forêts de Paimpont (à l'est de Ploërmel) et de Lanouée (au nord-ouest de Ploërmel).

La partie est du département (notamment les landes de Lanvaux) est majoritairement plantée de résineux alors que l'ouest est plus riche en feuillus.

Deux zones apparaissent relativement peu boisées : le bassin de Pontivy et, au sud des landes de Lanvaux, la partie est de la façade littorale.
Evolution de la surface boisée dans le Morbihan depuis 1860

Figure 1 : Evolution de la surface de forêt
dans le Morbihan depuis 1860

Sources : Cadastre 1862, 1948 et 1961 ; Enquête Daubrée
(1904-1908) ; Inventaire permanent des ressources forestières
nationales (1998, 2005-2009) ; TERUTI (1992 à 2003)

Evolution des surfaces boisées du territoire départemental entre 1985 et 2005

Figure 2 : Evolution des surfaces boisées du territoire
départemental entre 1985 et 2005

Source : Vannier & al., 2008

Il y a 5 000 ans, avant la sédentarisation de l'homme, le Morbihan, comme la Bretagne, était presque entièrement recouvert de forêts. Le développement des pratiques agraires et l'essor démographique ont entraîné une rapide régression des surfaces boisées au cours des siècles.

Au milieu du XIXème siècle (1862) la forêt morbihannaise ne couvre plus que 5,2% du territoire. Depuis, la surface forestière n'a cessé de croître pour être multipliée par près de quatre en moins de 150 ans. Cette croissance observée depuis plus d'un siècle s'est accélérée pendant la deuxième moitié du XXème siècle (Cf. Figure 1).

Une étude de l'évolution de l'occupation des sols dans le Morbihan depuis 1985 à partir de données de télédétection (Vannier & al., 2008) montre que cette augmentation des surfaces boisées s'est poursuivie de façon assez soutenue ces 20 dernières années avec cependant une stabilisation entre 1990 et 1995 (Cf. Figure 2).
La richesse faunistique et floristique des bois et forêts est très dépendante de la gestion pratiquée. Le mode de traitement sylvicole a effectivement un rôle capital sur la diversité ligneuse : l'utilisation d'essences autochtones favorise la biodiversité des forêts tout comme la présence de bois morts au sol et d'arbres âgés ou morts sur pieds, habitats pour de nombreuses espèces (Gosselin & Laroussinie, 2004).

Pour en savoir plus :

Le bocage

Le bocage est un type de paysage agraire, cloisonné par un réseau de haies, qui caractérise certaines régions de l'Europe de l'ouest.
Eléments identitaires majeurs de la Bretagne, les haies et talus du bocage contribuent au maintien d'une forte diversité floristique et faunistique dans les paysages agricoles (rôle d'habitats temporaire ou permanent, de corridors biologiques...), et assurent un rôle fonctionnel important (protection des cultures et du bétail, production de ressources -bois, fruits...-, régulation des flux d'eau et de nutriments, conservation des sols...).

Le linéaire actuel de haies dans le Morbihan (département breton le moins bocager - DRAF Bretagne-IDF, 1997 ; DRAAF Bretagne, 2009-) (Cf. Figure 3) peut être globalement estimé entre 26 700 km (source : IFN 1998 - les haies de basse strate seule et les talus non boisés ne sont pas ou peu pris en considération-) et 35 870 km (source : DRAAF Bretagne, 2009). La superficie représentée par les haies s'élèverait à 32 800 ha selon TERUTI Lucas 2007 (Agreste, 2008).
Environ 70% du linéaire de haies est planté sur talus (DRAF Bretagne-IDF, 1997) et les haies sont composées de feuillus à plus de 90% -principalement chênes et châtaignier- (IFN, 1998) ; mais les types de bocage et la densité du maillage sont très variables d'un secteur à l'autre du département (diversité du nombre de strates de végétation, de type de talus et fossé, d'espèces végétales, de modes d'entretien...).

Les origines du bocage sont anciennes et complexes, mais il semble que l'essentiel du maillage actuel a été construit entre le milieu du XIXème siècle et 1930.
A partir des années 1950, l'évolution rapide des techniques agricoles s'est accompagnée d'un arasement massif des haies et talus dans un cadre collectif (remembrements qui ont été particulièrement intensifs dans le Morbihan entre 1960 et 1980) ou de remaniements individuels. 60% du linéaire bocager aurait ainsi disparu de Bretagne entre 1960 et 1980 (Dufour et Le Roy, 1999).

Cette suppression massive des haies et talus est aujourd'hui révolue. L'affirmation de nouveaux enjeux (ressource en eau, biodiversité, cadre de vie, énergie...) et l'amélioration des connaissances sur la multifonctionnalité du bocage ont contribué à mieux prendre en compte la préservation et la gestion de ces paysages (Cf. chapitre : “La protection et la gestion du patrimoine naturel et des paysages”).
Il semble cependant que les opérations de plantation de haies initiées depuis les années 1990 (Cf. chapitre : “L'aménagement foncier et les politiques en faveur du bocage et de la forêt”) ne compensent pas les arasements menés par ailleurs. Le linéaire de haies et talus dans le Morbihan auraient ainsi régressé de 9,3% entre 1996 et 2008 (DRAAF Bretagne, 2009).


Linéaire de haies en Bretagne en 2008

Figure 3 : Linéaire de haies en Bretagne en 2008

Source : Enquête sur les linéaires paysagers 2008
- DRAAF Bretagne, 2003

Pour en savoir plus :

Les landes

La lande est une formation végétale caractérisée par la dominance d'arbrisseaux et de sous arbrisseaux à feuilles persistantes, comme les bruyères, les ajoncs et les genêts. Elle s'établit généralement sur des sols pauvres et acides. On distingue les landes primaires (en équilibre avec les conditions naturelles indépendamment de toute action humaine, elles sont localisées en zone littorale ou sur des secteurs où les conditions, de sol notamment, ne permettent pas aux arbres et arbustes de se développer) et les landes secondaires (qui se sont développées après des épisodes de déforestation plus ou moins anciens).

Les landes, qui constituent l'un des paysages les plus emblématiques
de la Bretagne, présentent une grande diversité écologique (on distingue habituellement les landes sèches à bruyère cendrée, les landes mésophiles à bruyère ciliée et les landes humides à bruyère à quatre angles) et abritent une flore et une faune spécifiques.
Il faut noter tout particulièrement la présence, sur Belle Ile et sur Groix, de landes littorales à bruyère vagabonde, rares et presque endémiques.

La physionomie des landes, largement déterminée par les conditions de milieux, est aussi fortement conditionnée par les pratiques humaines (pâturage, fauche, feux, boisements...).

Il est difficile de connaître précisément la superficie occupée par les landes dans le Morbihan car les recensements associent à ce milieu des zones de broussaille ou de friche.

En outre, pour certaines landes boisées, il est parfois délicat d'opter pour leur classement en landes ou en bois. Les landes occuperaient cependant 2,4% de la superficie départementale environ (soit 16 500 ha) selon l'IFN (1998). L'enquête TERUTI Lucas 2007 (Agreste, 2008) donne quant à elle 21 200 ha de landes et friches (soit un peu plus de 3% de la superficie départementale).

Dans le Morbihan, les landes les plus étendues se situent sur la frange littorale (Belle Ile, Groix, presqu'île de Rhuys...). Elles sont également présentes dans certains secteurs de l'intérieur du département, imbriqués avec des zones agricoles et des zones boisées (landes de Lanvaux, massif de Brocéliande, secteurs des Montagnes Noires...) -Forgeard, 1983-.
Photo

Lande à Tréhorenteuc



Les surfaces de landes ont sensiblement évolué au cours des époques. Occupant de vastes surfaces après les défrichements du Moyen-Age, les landes ont fortement régressé depuis le XIXème siècle. Les superficies occupées par les landes sont toujours en diminution ces dernières décennies (-31.5% entre 1980 et 1998 d'après l'IFN). Les principaux facteurs de cette régression sont leur abandon (évolution des landes secondaires vers des fourrés forestiers), leur plantation (souvent en résineux), et l'urbanisation en zone littorale.

Les cours d'eau et les zones humides continentales (étangs, tourbières...)

Les cours d'eau et leurs bordures, les plans d'eau et leurs abords, les marais, tourbières, prairies humides... constituent un ensemble de zones humides interconnectées qui abritent une vie animale et végétale riche et diversifiée. Outre leur grand intérêt patrimonial, ces milieux assurent également des fonctions hydrologiques (régulation des régimes hydriques, contribution à l'amélioration de la qualité des eaux) et biologiques (lieux d'abris, de reproduction, d'alimentation, de déplacement...) importantes.

Le réseau hydrographique morbihannais est très dense et constitué de cours d'eau de faible longueur (Cf. chapitre : “L'eau”).

Les inventaires de zones humides réalisés dans le cadre de l'élaboration des Plans Locaux d'Urbanisme (PLU) contribueront progressivement à une meilleure connaissance dans ce domaine. Nous disposons cependant d'ores et déjà de données assez précises pour certains milieux :

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Carte 4

Carte 4 : Principales tourbières du Morbihan

  • Les tourbières : il s'agit de milieux au sol constamment gorgé d'eau, abritant des formations végétales naturelles constituées de plantes hydrophiles ou hygrophiles, surtout des cryptogames (Cf. Carte 4). Les principales causes de dégradation des tourbières en Bretagne sont les boisements artificiels, les défrichements agricoles et les travaux hydrauliques (Durfort, 2007). (sphaignes et mousses), et caractérisés par une accumulation importante de matière organique (Touffet, 1985). Les tourbières présentent un fort intérêt patrimonial (lié à l'originalité de la flore et de la faune ainsi qu'aux capacités de conservation de la tourbe -pollens, vestiges archéologiques-) et fonctionnel (elles constituent  le principal écosystème qui assure la fixation du carbone -fonction “puits”- de manière pérenne en mode continental). Il s'agit de milieux rares et vulnérables. 47 sites de tourbières, le plus souvent de petite superficie, ont été recensés dans le Morbihan, dont 43 sont concernés par une ZNIEFF et/ou un site Natura 2000 (Daniel & Hubaud, 1996). Ce type de milieu est particulièrement présent dans le nord-ouest du département.
  • Les étangs : un étang est une étendue d'eau naturelle ou artificielle, où les courants sont faibles ou nuls. Ils présentent une grande variété de caractéristiques et de modes de fonctionnement (Le Bihan et Font, 2008). La quasi-totalité des étangs du Morbihan sont d'origine artificielle (pour l'alimentation en eau potable, la pêche, le loisir...) ; seuls quelques uns sur le littoral sont d'origine naturelle (étang de Lannenec par exemple). Ils présentent néanmoins une grande diversité en fonction notamment du régime des eaux, de la qualité trophique du milieu et de la dynamique de végétation. On dénombre 219 plans d'eau de plus de 0,1 ha pour une surface totale d'environ 1 700 ha (soit 0,2% de la surface du département -source : BD Carthage-). 29 plans d'eau ont une superficie de plus de 10 ha et représentent plus de 1 100 ha (Cf. chapitre : “L'eau”) ; 18 d'entre eux sont concernés par une ZNIEFF ou un site Natura 2000.
  • Les roselières : localisées en bordure de certains étangs, rivières ou estuaires, ou dans certains marais, les roselières sont des zones humides caractérisées par le développement de grandes hélophytes (roseau, massette, grand scirpe...). Elles assurent un rôle fonctionnel vis-à-vis de la qualité de l'eau, et constituent un habitat de grande valeur patrimoniale abritant une faune variée et originale (insectes, batraciens, oiseaux -ex : phragmite des joncs, rousserolle effarvatte-). Le Morbihan est le département breton abritant les plus grandes superficies de roselière (estimées à 915 ha, essentiellement situées sur la frange littorale et en basse vallée de la Vilaine) (ONCFS, 2008).
En ce qui concerne les zones humides de fonds de vallées (marais, prairies humides, bois et landes humides...), un travail de pré-inventaire a montré que ces milieux semblent particulièrement bien représentés à l'est (secteurs des marais de Vilaine, Aff...) et au nord-ouest (bassins versants du Scorff et du Blavet) du département (Daniel & Hubaud, 1996).
De manière générale, ces zones humides évoluent naturellement vers des formations boisées provoquant parfois un appauvrissement de la biodiversité. L'abandon d'activités humaines extensives peut donc être dommageable pour ces milieux. Mais à l'inverse, une pression anthropique trop forte (pratiques intensives, travaux d'aménagement -drainage, curage, reboisement...-) constitue souvent une menace.

L'évolution des surfaces de zones humides en France a été considérée comme alarmante entre 1960 et 1980. La situation semble globalement avoir tendance à se stabiliser depuis, mais une grande partie des sites continue cependant à se dégrader. Les tourbières, les prairies humides et landes humides semblent particulièrement exposées (Fouque & al., 2006).

Pour en savoir plus :

Photo

Roselière

Les dunes

Les dunes littorales sont des accumulations de sable formées par les actions conjuguées du vent et de la mer. Elles abritent une flore et une faune riches et originales, adaptées à des conditions naturelles très contraignantes (gradients de salinité, d'humidité, substrat sableux...).

La plupart des dunes morbihannaises actuelles se sont formées lors d'une régression du niveau de la mer intervenue il y a plus de 2 500 ans (Dubreuil, 1976).

Dans le Morbihan, 29 sites de dunes représentant plus de 3 500 ha ont été recensés (Daniel & Hubaud, 1996), sans que cet inventaire soit exhaustif. En Bretagne, la surface de dunes est estimée à 11 000 ha -DIREN Bretagne, 1995-). Proportionnellement au linéaire côtier, le Morbihan est le département breton présentant le plus d'accumulations sableuses (environ 17% du littoral, 32% si on exclut les rias et estuaires -Cf. Tableau 1-).

Les dunes morbihannaises constituent, dans l'ensemble, des entités de petite taille (ce morcellement est lié aux caractéristiques physiques du trait de côte mais aussi aux pressions anthropiques) et sont réparties tout au long du linéaire côtier (Cf. Carte 5).

Cependant, le secteur littoral qui s'étend de Gâvres à Penthièvre peut être considéré comme un massif dunaire d'importance patrimoniale exceptionnelle, long de 25 km et large en moyenne de 1 km, prolongé par l'ensemble des dunes perchées surmontant les falaises de la côte sauvage de Quiberon sur près de 10 km supplémentaires.

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Carte 5

Carte 5 : Dunes du Morbihan

Tableau 1 : Typologie de la morphologie côtière du Morbihan

Type de côte Linéaire en km % du linéaire côtier
Littoral sableux 174 16,7
Ria, estuaire 495 47,6
falaise 178 17,1
Autre côte rocheuse 92 8,9
Rivage artificialisé 101 9,7
TOTAL 1 040 100

Source : Yoni & al (2002)


Les dunes, milieux en équilibre dynamique, constituent un patrimoine fragile et menacé. Elles sont soumises à de nombreux facteurs de dégradation d'origine anthropique (surfréquentation touristique, artificialisation -urbanisation, ouvrages divers-, extraction de sable -terrestre ou sous marine-, drainage de zones humides arrière-dunaires...) les rendant plus sensibles à l'action des agents naturels (houle, marée, courant, vent...).

En outre, l'élévation actuelle du niveau marin, en lien avec le changement climatique, accentue la vulnérabilité de certains secteurs littoraux (Régnauld & al., 2006).

Les dunes peuvent également être menacées par l'embroussaillement du fait de l'abandon d'usages extensifs et/ou de la propagation d'espèces végétales envahissantes.

Les falaises, récifs et îlots rocheux

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Carte 6

Carte 6 : Morphologie des côtes du Morbihan

Les côtes rocheuses se définissent par la présence d'un substrat dur.

Dans le Morbihan, le littoral présente essentiellement des roches magmatiques (granite principalement) et métamorphiques (micaschiste, gneiss) -Cf. chapitre : “La géologie”-. Des hautes falaises abruptes aux platiers rocheux, ces côtes présentent des morphologies très variées, mais se caractérisent toutes par un étagement remarquable de la flore et de la faune, depuis les ceintures d'algues jusqu'aux pelouses (armérie, fétuque rouge...) et fourrés littoraux (prunelier, aubépine, ajonc d'Europe...).

Dans le Morbihan, les côtes rocheuses représentent environ 26% du linéaire côtier (49% si l'on exclut les rias et estuaires -Cf. Tableau 1-). Les falaises les plus hautes sont localisées à Belle-Ile. Ailleurs, il s'agit principalement de falaises moyennes ou de basses côtes rocheuses (Cf. Carte 6) : Ploemeur, Groix, presqu'île de Quiberon, Houat et Hoedic, secteur de la Trinité/Mer à Locmariaquer, Arzon, St Gildas de Rhuys, Billiers et Pénestin.

En outre, des îlots rocheux sont présents tout au long du littoral morbihannais, y compris dans le Golfe du Morbihan.
Littoral à Belle-Ile

Littoral à Belle-Ile

Les zones humides littorales

Les zones humides littorales comprennent :
  • les marais maritimes ouverts : constitués de dépôts de particules fines, il s'agit de l'ensemble des vasières (ou “slikkes” : étendue de sédiments fins découvrant à marée basse) et des prés salés (ou “herbus” ou “schorre” : partie supérieure des estrans vaseux où la végétation colonise largement les sédiments). Ces marais maritimes ouverts sont localisés dans les secteurs abrités (estuaires, baies, petites mers intérieures -tel le Golfe du Morbihan-).
  • les marais maritimes endigués par l'homme : il s'agit en particulier des marais salants.
  • les marais littoraux : il s'agit de zones humides littorales non soumises au rythme des marées (marais saumâtres arrière-dunaires, étangs côtiers, prairies humides...).

En excluant les importantes surfaces de DPM (Domaine Public Maritime), les zones humides littorales représentent plus de 2 400 ha (Daniel & Hubaud, 1996). Les zones humides littorales évoluent sous l'action de facteurs naturels, mais, depuis plusieurs décennies, elles subissent principalement des dégradations considérables liées aux activités humaines (comblement, urbanisation, drainage...). Ainsi, en 1980, près de 25% de la superficie des zones humides littorales morbihannaises avaient été radicalement transformées (drainées, poldérisées ou remblayées) par l'Homme (Hallégouet & Poncet, 1980) -Cf. Tableau 2-.

Tableau 2 : Superficies des zones humides littorales
du Morbihan en 1979

Type de zones humides littorales Superficie en ha
Vasières 13 020
Prés salés 3 270
Marais littoraux 920
Marais salants 1 660
Marais littoraux drainés 320
Polders 5 190
Remblais 450
TOTAL 18 870
+ 5 960
(radicalement transformées)

Source : Hallégouet et Poncet, 1980

Pour en savoir plus :

Marais du Duer en Sarzeau

Marais du Duer en Sarzeau

Les milieux marins

Au large du Morbihan, le plateau continental s'étend sur plusieurs dizaines de km depuis la côte. Une crête rocheuse, située à une vingtaine de km au large et d'où émergent la presqu'île de Quiberon et les îles de Groix, Belle-Ile, Houat et Hoedic, contribue à protéger la zone côtière. Par ailleurs, au sein de nombreux estuaires, rias et mers intérieures se développent de vastes vasières.

La frange côtière est donc marquée par une alternance de fonds durs et de fonds meubles (Cf. Carte 7). Elle présente, dans les domaines intertidaux et subtidaux, des habitats sédimentaires variés : vasières, sables, graviers, cailloutis, fonds rocheux... qui abritent une grande diversité d'êtres vivants (Castric-Fey & al., 2001).

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Carte 7

Carte 7 : Fonds marins du Morbihan

Parmi les milieux marins remarquables présents le long des côtes morbihannaises, deux habitats Natura 2000 peuvent particulièrement être distingués :
  • les herbiers de zostères : les zostères sont des phanérogames (plantes à graines) marines qui forment des herbiers (prairies sous-marines) au bas des estrans vaseux ou sableux. Cet habitat végétal contribue à stabiliser les sédiments. Il constitue aussi un abri, un lieu de nourriture et de reproduction pour de nombreuses espèces.

    Deux espèces de zostères sont présentes dans le Morbihan (Cf. Carte 8) : la zostère marine (Zostera marina) et la zostère naine (Zostera noltii), cantonnée aux vasières intertidales. Les superficies d'herbiers de zostères connaissent des fluctuations (à différentes échelles de temps) liées à divers facteurs (conditions climatiques, turbidité des eaux, pressions anthropiques -pêche et mouillage des bateaux notamment-...) -Cf. Carte 8-.
Herbier de zostères dans le Golfe du Morbihan

Herbier de zostères dans le
Golfe du Morbihan

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Carte 8

Carte 8 : Evolution des surfaces de zostères dans le Golfe du Morbihan de 1960 à 1991

  • les bancs de maërl : constitués à partir d'une accumulation d'algues rouges calcaires, ces bancs de maërl sont des habitats abritant une forte biodiversité (Grall, 2003).

    Dans le Morbihan, les principaux bancs de maërl sont situés au large de la presqu'île de Rhuys, au nord-est de Belle Ile, de Houat et d'Hoedic (Cf. Carte 9). Ces bancs de maërl, qui se régénèrent très lentement, sont peu ou pas exploités (ils peuvent en particulier servir d'amendement agricole et comme filtre pour l'assainissement) dans le Morbihan et apparaissent donc moins menacés que dans d'autres secteurs bretons.

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Carte 9

Carte 9 : Principaux herbiers de zostères et bancs de maërls dans le Morbihan

De nombreux autres habitats marins sont présents au large du Morbihan, abritant une forte biodiversité : vasières, bancs de sable, récifs rocheux, champs de blocs, récifs d'hermelles...

Les facteurs de dégradation ou de perturbation des habitats marins sont variés : l'influence des grands fleuves côtiers, des rejets d'eaux usées, la fréquentation plaisancière, certaines pratiques de pêche, les espèces envahissantes (prolifération d'huîtres creuses par exemple).

Pour en savoir plus :

Les sites d'intérêt géologique

Pendant longtemps, protéger la nature se limitait à prendre en compte la faune et la flore. Inaccessible par son caractère hermétique et figé, le monde minéral ne présentait que peu d'intérêt pour le profane. Depuis quelques années, le public prend cependant conscience de la fragilité de ce patrimoine non renouvelable et de la nécessité de préserver in situ les témoins de l'histoire de la Terre.

En Bretagne, un premier inventaire des sites d'intérêt géologique a été réalisé entre 1992 et 1994 par Bretagne Vivante (SEPNB), avec les Universités de Rennes 1 et de Bretagne Occidentale à la demande de la Direction Régionale de l'Environnement -DIREN- (Menez, 1994). Les sites identifiés par un réseau d'experts présentent des intérêts particuliers du point de vue pétrographique, tectonique, paléontologique, minéralogique, géomorphologique.

Cet inventaire régional (qui comprenait 18 sites dans ce département) a été complété, selon la même méthodologie, pour le Morbihan, dans le cadre de l'élaboration du Système d'Information sur la Géologie du Morbihan -27 sites identifiés- (Audren & al., 2003).

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Carte 10

Carte 10 : Sites d'intérêt géologique dans le Morbihan

Puis, un projet pilote mené par la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne à l'échelle régionale est venu actualiser et enrichir ce travail de recensement (Jonin, 2008). C'est ainsi que 31 sites d'intérêt géologique sont dorénavant identifiés et décrits dans le Morbihan (Cf. Carte 10). Des fiches descriptives sont accessibles pour tous ces sites dans la rubrique "Système d'Information sur la Géologie du Morbihan (SIGM)" .

Synthèse et enjeux

Le Morbihan abrite assez peu de vastes espaces naturels homogènes, mais plutôt une mosaïque de milieux imbriqués, de nature diversifiée et de superficie assez réduite. Cet agencement s'explique par les conditions naturelles (situation géographique, géologie, climat...) mais aussi par l'influence de l'homme depuis plusieurs millénaires.

La valeur du patrimoine naturel morbihannais est fortement liée à cette imbrication d'habitats naturels plus ou moins interconnectés : les bois et forêts très morcelés mais couvrant près de 20% de la superficie départementale, le bocage plus ou moins dense qui irrigue l'ensemble du territoire, les landes bien présentes sur la frange littorale mais aussi dans certains secteurs de l'intérieur, le chevelu du réseau hydrographique et les zones humides de bas fond, et plus ponctuellement, les étangs et les tourbières, des sites d'intérêt géologique...

Le littoral est également diversifié avec de nombreuses zones humides littorales en particulier dans les rias et estuaires, des dunes, des falaises et côtes rocheuses basses. En outre, des milieux marins remarquables sont présents le long des côtes morbihannaises.
Finalement, les principaux pôles d'intérêt écologique du Morbihan sont la frange maritime et littorale (y compris les îles), la zone des landes de Lanvaux, l'est du département (marais de Vilaine, forêt de Brocéliande...) et l'ouest du département (bassin du Scorff et de l'Ellé, secteurs des Montagnes Noires et de la forêt de Quénécan...).

Les paysages (Cf. chapitre : “Le paysage”), les milieux naturels, la flore et la faune ((Cf. chapitre : “La flore et la faune”) évoluent en permanence ; mais ce qui caractérise les dernières décennies, c'est la rapidité et l'intensité des changements intervenus, en particulier :
  • la dégradation de la qualité de certains espaces naturels (ex : prairies humides, landes, dunes...) ;
  • la régression des surfaces et la fragmentation des habitats naturels (Baleige, 2009) ;
  • la disparition ou la raréfaction rapide d'espèces ;
  • la présence de plus en plus importante d'espèces invasives (ex : baccharis, jussie...) ;
  • la pollution croissante en particulier des milieux humides et aquatiques...
Les pressions sur les milieux naturels sont particulièrement intenses sur la frange littorale et autour des villes (croissance touristique et urbaine).
Les dégradations constatées se traduisent à la fois par une fragilisation des fonctions environnementales assurées par les milieux naturels, et par une érosion du patrimoine naturel et de la biodiversité.

En outre, les espaces et le patrimoine naturels constituent un atout important pour l'attractivité des territoires et le développement local.
Face à ces enjeux, diverses actions sont donc entreprises (Cf. chapitre : “La protection et la gestion du patrimoine naturel et des paysages”).

Sources et liens

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