Atlas de l'environnement du Morbihan
L'urbanisation
Le secteur de la construction
En 2012, le secteur de la construction représentait environ 12% de l'emploi salarié dans le Morbihan, avec près de 18 000 emplois. Le département n'est pas épargné par la conjoncture économique difficile au niveau national : ainsi, le nombre de logements construits en 2012 était en baisse de l'ordre de 11% par rapport à 2011, contre 9% et 7% aux niveaux respectivement régional et national. | Toutefois ce secteur, qui couvre la construction ou la rénovation de bâtiments, la réalisation d'infrastructures et d'aménagements..., demeure un secteur économique essentiel dans le département, générant des activités qui ne sont pas sans conséquences sur l'environnement. |
Les bâtiments non résidentiels
Dans le Morbihan comme au niveau régional ou national, depuis le début des années 2000 moins de la moitié des surfaces construites concerne des locaux non résidentiels.
Malgré une hausse ponctuelle sur la période 2005-2007, depuis une vingtaine d'années la construction de ce type de locaux connaît une tendance à la baisse, particulièrement accentuée depuis 2008 (Cf. Figure 1). Si toutes les catégories de bâtiments sont concernées par ce phénomène, ce sont les bâtiments agricoles et industriels qui sont les plus touchés, alors que la construction de locaux pour des services de soin (centres médico-sociaux, hôpitaux, cliniques,...) est demeurée relativement stable (Cf. Figure 1). |
Figure 1 : Evolution des surfaces des bâtiments non résidentiels autorisés par an dans le Morbihan depuis 1990 (surface hors oeuvre nette en m2) Source : Sit@del2, Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie |
Les logements
La prédominance des logements individuels, observée en Bretagne, est particulièrement marquée dans le Morbihan, représentant en 2009 75% des 422 000 logements environ du département (contre 56% en France métropolitaine).
Le parc morbihannais est également caractérisé par un faible taux de logements locatifs sociaux : 9% du parc en 2009, contre 10% en Bretagne et 15% au niveau national. (INSEE) Le taux de résidences secondaires (19%) est en revanche le plus élevé de Bretagne (13% en moyenne régionale et 10% en France). Ces logements se situent principalement sur la frange littorale du département (Cf. Carte 1). |
Agrandir la carte Exporter la carte Carte 1 : Nombre de résidences secondaires par commune source: INSEE |
Le Morbihan est un territoire attractif, avec une progression démographique supérieure à 1% par an en moyenne depuis 2000, dont le principal moteur est le solde migratoire positif. D'après les projections réalisées à l’horizon 2040, cette expansion devrait se poursuivre, quoiqu'un peu moins rapidement : en effet l'accroissement attendu est de l'ordre de 0,6 à 1,1% par an selon les scenarii (source : INSEE - Omphale).
En outre, le besoin en logements lié à cet essor démographique est accentué par le phénomène de desserrement des ménages, correspondant à la diminution du nombre de personnes par foyer, de l'ordre de 30% au cours des 40 dernières années; cette tendance semble encore plus marquée dans le Morbihan qu'aux niveaux régional et national (Cf. Figure 2). |
Figure 2 : Evolution du nombre moyen d'habitants par résidence principale dans le Morbihan Source : INSEE |
L'essor des constructions individuelles |
Depuis les années 1990, environ 7 000 nouveaux logements sont autorisés chaque année dans le département, avec une augmentation sensible du nombre de constructions autorisées entre 2002 et 2007.
En outre, depuis le milieu des années 90, l’écart s'est creusé entre le nombre de logements collectifs et le nombre de logements individuels autorisés chaque année ; toutefois cet écart semble aujourd'hui avoir tendance à se réduire (Cf. Figure 3). De 2006 à 2009, une baisse importante du nombre de permis de construire accordés pour des logements a été observée, effet notamment d'une conjoncture économique défavorable, et a été suivie d'une reprise relative, selon une tendance similaire à celle connue par les locaux non résidentiels. |
Figure 3 : Evolution du nombre de logements autorisés par an dans le Morbihan Source : Sit@del2, Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie |
Le phénomène d'étalement urbain
L'extension des zones d'activités |
Avec une croissance démographique de 1,1% par an depuis 2000, le Morbihan est un territoire attractif et voit l’urbanisation progresser chaque année.
En moyenne, les surfaces artificialisées (bâtiments, parkings, routes, voies ferrées, pelouses, chamins...) ont augmenté dans le département de 1 700 ha par an, soit près de 2% par an, entre 2004 et 2010. Toutefois cette consommation foncière semble ralentir, avec 1 000 ha par an entre 2008 et 2010, contre 2 000 ha par an entre 2004 et 2008 (Enquête TERUTI LUCAS, Ministère en charge de l'agriculture). Toutefois la croissance démographique, de l'ordre de 1% par an entre 2004 et 2010 (INSEE), ne suffit pas à expliquer cette artificialisation du territoire (Cf. Figure 4). |
Principalement localisée autour des grands centres urbains du littoral dans les années 90, l’urbanisation se déplace vers l’intérieur du département depuis les années 2000 en suivant les axes de communication. En effet, le département bénéficie, outre son réseau ferroviaire, d’un réseau routier dense et gratuit reliant les principales villes (Cf. chapitre : “Les infrastructures et les transports “) ce qui favorise la dispersion de la population (DRE, 2003).
L’extension des surfaces urbanisées, également largement liée à l’urbanisation de type pavillonnaire, est consommatrice d’espace, non seulement par la construction de bâtiments, mais également par tous les espaces associés. |
La construction de nouveaux logements et bâtiments non-résidentiels s'accompagne en effet de la création de nouvelles infrastructures qui participent à l’artificialisation du territoire :
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Depuis 20 ans, la surface artificialisée croît beaucoup plus vite que la population (Cf. Figure 4) : c'est ce phénomène que l'on appelle l'étalement urbain (Agence européenne de l'environnement). Il est lié au développement de zones d'activité et résidentielles dispersées et de faible densité à la périphérie des zones urbaines (Source : Centre de documentation de l'Urbanisme).
Entre 2004 et 2010, dans le Morbihan l'artificialisation a augmenté 2 fois plus vite que la population, soit un étalement urbain similaire à la moyenne régionale (rapport de 1,9) mais légèrement moins marqué qu'au niveau de la France métropolitaine (rapport de 2,4) (Enquête TERUTI LUCAS, Ministère en charge de l'agriculture). L'analyse des surfaces artificialisées dans le Morbihan entre 2000 et 2006 montre que près des deux tiers d'entre elles sont destinées aux zones urbaines, et un tiers aux zones industrielles et commerciales. (UE-SOeS, Corine Land Cover, 2009). Cette artificialisation est peu réversible, la baisse de la population sur un territoire ne s'accompagnant que rarement de la diminution des surfaces artificialisées (CGDD, 2012). |
Figure 4 : Evolution comparée des surfaces artificialisées et de la population Source : Enquête TERUTI, Ministère en charge de l'Agriculture - SSP |
Enjeux environnementaux
L'étalement urbain est consommateur d'espace et s'accompagne d'une artificialisation des sols. Or celle-ci altère les milieux naturels et leur fonctionnement de différentes manières.
En premier lieu, l'urbanisation a un impact fort sur la biodiversité (Cf. chapitre : "Les milieux naturels").Outre la destruction d'espaces naturels, le "mitage" du territoire (éparpillement des constructions) fractionne et cloisonne les milieux naturels restants (Cf. Carte 2). |
La standardisation des constructions urbaines et rurales contribue également à un appauvrissement du paysage.
L'imperméabilisation des sols augmente par ailleurs le ruissellement des eaux de pluie et donc le risque de survenue et l'intensité de crues. Le ruissellement de l'eau sur les routes est aussi notamment une source de pollution diffuse par des hydrocarbures. |
Agrandir la carte Exporter la carte Carte 2 : Ensemble du bâti (résidentiel et non résidentiel) dans le Morbihan en 2008 |
En second lieu, l’étalement de l’habitat le long des axes de communication entraîne une augmentation des migrations pendulaires, qu’elles soient liées au travail, aux études, aux services, aux loisirs, etc. Cette augmentation des distances à parcourir engendre une hausse des consommations d'énergie : en 2011, 52% des consommations d'énergie par les transports en Bretagne étaient liées à la mobilité quotidienne des habitants, contre 30% pour le fret et 18% pour la mobilité exceptionnelle. | Cette situation est d'autant plus préoccupante que les énergies fossiles, et en particulier celles qui sont à l’origine d’émission de Gaz à Effet de Serre (GES), fournissent l'essentiel de cette consommation. Le secteur des transports a ainsi été à l’origine de 47% des émissions de GES en Bretagne en 2011 (Observatoire de l’énergie et des gaz à effet de serre en Bretagne, 2012) contre 26% en moyenne nationale (SOeS, 2009) - Cf. chapitres : “Les infrastructures et les transports” et “L’énergie”. |
Mitage et fragmentation de l'espace |
Enjeux sociaux
Conséquence du développement urbain, les parcelles constructibles bénéficiant de la meilleure situation voient leur valeur augmenter considérablement: ainsi le prix du foncier à bâtir en lotissements et en zones d'aménagement concerté (ZAC) qui a plus que doublé entre 2001 et 2010 (ADIL, 2012). Ce phénomène d’augmentation des prix du foncier provoque une ségrégation des espaces et un déséquilibre social du territoire.
Ce critère foncier conduit aujourd’hui les populations plus jeunes ou moins aisées à s’installer dans les secteurs rétrolittoraux, péri-urbains ou en Morbihan intérieur. Le choix est fonction de la proximité de l’emploi, d’accès aux services, mais plus encore lié à la capacité à se loger. Les plus aisés s’installent préférentiellement dans les centres villes et sur le littoral. Ainsi, la proportion de ménages à revenus modestes augmente à mesure que l’on s’éloigne des pôles d’emploi vers la périphérie. |
Cet éloignement a des conséquences notamment financières pour les ménages avec l’augmentation des distances à parcourir pour atteindre les zones d’emploi, de services (commerces, écoles, santé...) ou de loisirs (CESR, 2007). Ce modèle, dans un contexte de hausse des prix du carburant, augmentant la part des dépenses relative aux déplacements pourrait fragiliser la situation des ménages les moins favorisés.
Enfin, les transports collectifs, dans cette situation d’étalement urbain, sont pour les collectivités difficiles à organiser et ne semblent pas, pour les ménages, une réponse suffisante à leurs problèmes de déplacements. |
Enjeux économiques
Sur le plan économique également, l’extension des terrains urbanisés a des conséquences.
Ainsi, l’artificialisation des sols agit à différents niveaux (www.morbihan.fr et CESR, 2007) :
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Synthèse et enjeux
Dans le département et plus largement en Bretagne, l'étalement urbain est exacerbé par l’attractivité du territoire, au détriment notamment des terres agricoles et des espaces littoraux. Il a des conséquences variées :
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Afin de répondre à ces préoccupations sans compromettre le développement du territoire, de nombreuses initiatives sont menées par les pouvoirs publics. il s'agit de rechercher des modes d'urbaniser plus économes en foncier, de favoriser la densification et le renouvellement urbain, et de limiter les impacts de l'urbanisation sur l'environnement. Ces objectifs sont ainsi intégrés dans diverses démarches :
Il s'avère aujourd'hui indispensable d'adopter de nouvelles pratiques d'aménagement et d'urbanisation du territoire, plus respectueuses des critères économiques, sociaux et environnementaux du développement durable et dans une approche globale des projets sur le long terme. |
Sources et liens
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www.bretagne.developpement-durable.gouv.fr www.cdu.urbanisme.developpement-durable.gouv.fr www.cellule-eco-bretagne.asso.fr www.environnement-urbanisme.certu.developpement-durable.gouv.fr |