Atlas de l'environnement du Morbihan
Les usages de la forêt
Le terme générique forêt est employé pour désigner les surfaces boisées. Selon les inventaires, il possède cependant des définitions différentes.
Au sein des enquêtes TERUTI, indistinctement, les bois et forêts sont considérés comme des formations boisées de plus de 50 ares, tout boisement de surface comprise entre 5 et 50 ares étant dénommé |
bosquet. Les inventaires de l'IFN (Inventaire Forestier National) quant à eux définissent les bois (petits massifs) comme des formations boisées d'au moins 4 ha. Les boisements compris entre 50 ares et 4 ha sont appelés boqueteaux.
Les forêts mentionnées ci-après représentent l'ensemble de ces formations. |
La forêt morbihannaise au cours du temps
Au cours du temps, la couverture et l'importance de la forêt ont énormément varié (Cf. chapitre : "Les milieux naturels"). A l'image de la Bretagne, le Morbihan avant le néolithique (-6 500 ans) était entièrement boisé de feuillus (chênes et hêtre).
La sédentarisation et par la suite le développement des pratiques agraires et l'essor démographique ont entraîné une rapide régression des surfaces boisées. Au milieu du XIXème siècle (1862), la forêt morbihannaise ne couvrait plus que 5,2% du territoire. A cette époque les besoins en bois d'industrie et de forge étaient importants. Ils viennent augmenter une consommation domestique déjà élevée. Au cours du temps, parallèlement aux différentes étapes de défrichement et de boisement, de nouvelles espèces ont été introduites afin de favoriser la production de bois ou de fruits : le châtaignier (Castanea sativa) à l'époque Gallo-romaine, puis le pin maritime (Pinus pinaster) ou encore le pin sylvestre (Pinus sylvestris). Ces essences résineuses, fortement implantées dans le département, ont été utilisées pour le boisement de landes ou de dunes, notamment au début du XIXème siècle. Plus récemment certaines essences, introduites à des fins ornementales à l'origine, se sont fortement développées ; c'est par exemple le cas du Douglas vert (Pseudotsuga menziesii) ou de l'Epicea de Sitka (Picea sitchensis), introduits au XXème siècle. |
Parmi les essences résineuses actuellement présentes dans le département, seuls l'If (Taxus baccata) et le Genévrier (Juniperus communis) peuvent être considérés comme spontanés en Bretagne.
Jeune plantation de chênes et de pins |
La forêt morbihannaise aujourd'hui
Le département du Morbihan appartient à deux grandes régions forestières qui, sur le plan de la végétation forestière, du climat et des conditions de sol présentent de grandes homogénéités. | Il s'agit des régions forestières de la Bretagne centrale (35% de la surface) et de la Bretagne sud (65%). |
La surface boisée et sa composition
Mélange futaie et taillis |
La forêt morbihannaise représentait en 2006 près de 134 000 ha, soit 19,5% du territoire (TERUTI-Lucas 2006), auxquels il faut ajouter près de 1 000 ha de peupleraie. Sans être exceptionnel par rapport à la moyenne nationale (30%), le Morbihan possède le taux de boisement le plus élevé des départements bretons (Cf. chapitre : "Les milieux naturels")).
Le dernier recensement de l'Inventaire Forestier National de 1998 fait état, pour les forêts de production, d'une répartition en surface identique entre les feuillus et les résineux. Chez les feuillus, les chênes sont dominants. Le pin maritime reste l'essence résineuse la plus largement répandue (Cf. Figure 1). La forêt de production concerne 97.4% de la surface totale des formations boisées. Le reste se répartit en forêt de protection et forêt récréative et culturelle (IFN, 1998). La moitié de cette forêt de production est exploitée sous forme de futaie. L'autre moitié est composée pour 35% de mélange futaie-taillis et 15% de taillis (Cf. Figure 2). |
Figure 1 : Répartition des surfaces de forêts Source : IFN - 1998 |
Figure 2 : Répartition des surfaces de forêts Source : IFN - 1998 |
La structure de la propriété
La forêt morbihannaise est très majoritairement privée, avec 96,5% (Cf. Carte 1). Ce taux est proche de la moyenne bretonne, mais nettement supérieur aux 73% de la moyenne nationale.
Cette forte proportion de terrains privés s'accompagne d'un très grand nombre de propriétaires et donc d'un fort morcellement de la propriété foncière. La taille moyenne des propriétés dans le Morbihan, tout type de propriété confondu, est de 1,2 ha. Seules quelques grandes propriétés privées sont présentes, en totalité ou en partie, sur le département du Morbihan : forêt de Molac (1 500 ha), forêt de la Bourdonnaye (600 ha), forêt de Lanoué (4 000 ha), forêt de Quénécan (3 000 ha). Afin d'assurer des unités de gestion et d'exploitation viables, les propriétaires privés ont la possibilité de se regrouper sous plusieurs formes juridiques. Les principales sont les groupements forestiers et les associations syndicales. Le Morbihan compte 31 groupements forestiers représentant plusieurs centaines d'hectares de boisement sur le département. |
Figure 3 : Répartition (en surface et en %) des structures Source : ONF 2007 |
Les 3,5% de forêts soumises au régime forestier du département se répartissent en forêts domaniales (d'Etat), départementales, communales, et appartenant à des établissements publics.
Les surfaces boisées domaniales sont réparties en 5 forêts distinctes : Pont-Calleck (524 ha), Floranges (810 ha), Camors (665 ha), Lanvaux (252 ha) et Coeby (47 ha) auxquelles viennent s'ajouter les dunes plantées de Plouharnel (Cf. Carte 1), et les 3 000 ha de terrain militaire. La part la plus importante revient aux établissements publics, suivis des forêts domaniales. La forêt départementale avec 1 500 ha constitue 17% de la forêt gérée par l'Office National des Forêts (Cf. Figure 3) |
Agrandir la carte Exporter la carte Carte 1 : Principales propriétés forestières du Morbihan en 2002 |
Les fonctions de la forêt
La forêt morbihannaise assure, de par la diversité de ses essences, les conduites sylvicoles pratiquées et les situations géographiques, de nombreuses fonctions économiques, sociales et environnementales. |
Figure 4 : Répartition de la récolte de bois du Morbihan Source : AGRESTE 2006 |
Fonction économique
La forêt assure en premier lieu, par la production de bois, mais également de gibier et plus accessoirement de fruits et de champignons, une fonction économique.
Les bois récoltés proviennent en majorité des forêts soumises au régime forestier et aux grandes propriétés privées. Selon la qualité des bois, ils sont commercialisés en bois d'œuvre (ameublement, poutre, charpente...), bois d'industrie (palette, piquets, papeterie...) et bois énergie. Les petites propriétés assurent quant à elles principalement les besoins en bois de chauffage de leur propriétaire. En 2006, la récolte totale de bois, avec près de 205 000 m3, représentait 36% de la production régionale. Plus des deux tiers étaient issus de la récolte de bois d'œuvre (Cf. Figure 4). |
Exploitation de bois de chauffage |
Avec plus de 77 000 m3 sciés en 2006, le Morbihan reste le premier département breton producteur de bois sciés. Il assure à lui seul plus de la moitié dessciages en résineux, essentiellement en pin maritime.
En matière d'emploi, le Morbihan compte en 2006, 30 entreprises œuvrant dans l'exploitation forestière et le sciage, soit une main d'œuvre permanente de plus de 350 personnes (DRAF, 2009). A cela, s'ajoute en amont de la production toute la filière relative aux entreprises sylvicoles et pépinières forestières. La fonction économique de la forêt ne se résume pas à la production de bois. En matière de chasse, la forêt morbihannaise abrite du grand gibier (cerf d'Europe, sanglier, chevreuil) mais également de petits gibiers (lapin, lièvre, bécasse...). Concernant le grand gibier, les tableaux de chasse pour la campagne 2006/2007 indiquent le prélèvement de 139 cerfs élaphe, 3 974 chevreuils et 997 sangliers. Le Morbihan est l'un des départements bretons où les prélèvements sont les plus élevés (Cf. Figure 5). |
Figure 5 : Prélévements de grands gibiers dans les départements bretons Source : DIREN, 2007 |
Si la chasse est source de revenu, les dégâts occasionnés par le gibier constituent une source de dépenses supplémentaires.
En forêt les principaux préjudices, causés en majorité par le grand gibier, sont dus à des comportements alimentaires (abroutissement |
- consommation des bourgeons - et écorçage) ou non (marquage de territoire par frottis).
La recherche d'un équilibre sylvo-cynégétique représente l'enjeu principal en termes de gestion du gibier. Pour cela, le |
gestionnaire pour la régulation du grand gibier établit des plans de chasse qui fixent les quantités à prélever en fonction des estimations de population. Il peut par ailleurs s'appuyer sur des aménagements cynégétiques (culture à gibier, fauche...) et sylvicoles (protection des plants). |
Fonction sociale
La fonction sociale de la forêt s'exprime à la fois dans le support d'activités récréatives qu'elle représente (promenade, découverte, cadre de vie, loisirs) et dans l'identité du territoire qu'elle véhicule comme entité du paysage.
Dans les dernières décennies, le caractère urbain des lieux quotidiens de vie a accentué la demande en activités récréatives de pleine nature. La forêt, par les services qu'elle peut offrir, est devenue un lieu de fréquentation où l'on pratique notamment la promenade, la randonnée ou le parcours sportif. Afin d'accueillir cette nouvelle population, les gestionnaires de forêts publiques mais également privées ont été amenés à aménager leur forêt et ceci plus particulièrement dans des situations péri-urbaines. A ces titres, de nombreuses forêts sont l'objet de parcours spécifiques ou sont traversées par des chemins de petites ou grandes randonnées. Parmi les forêts publiques, de nombreuses sont fréquentées et citées par le Comité Départemental du Tourisme : forêt du rocher royal (Guidel), forêt de Coet er Lann (Erdeven), |
forêt de la Corodais (Saint-Dolay), forêt de Trémelin (Inzinzac), forêt du Helfaut (Elven), forêts de Lanvaux (Brandivy), de Florange (Bieuzy-Lanvaux)...
Enfin, certaines forêts privées restent également ouvertes au public comme par exemple la forêt de Quénécan (Sainte-Brigitte). Pour ces forêts privées, l'accessibilité et l'ouverture sont dans de nombreux cas régies par une convention de passage du public conclue entre le propriétaire et une collectivité. Elle assure pour le propriétaire une sécurité par rapport aux nuisances que pourraient subir les usagers. En contrepartie, il autorise le passage sur sa propriété. Les règles particulières (horaire, période, animaux domestiques...) sont inscrites dans la convention. Lorsque ces forêts sont traversées par des sentiers et ne font pas l'objet uniquement d'un parcours (circuit propre à la forêt), ils peuvent être inscrits dans le Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR) du Morbihan mis en œuvre par le Département. |
Chemin forestier |
Fonctions écologique et environnementale
La forêt est un écosystème particulier qui constitue l'habitat de nombreuses espèces de faune et de flore.
Elle garantit une fonction essentielle sur le plan de la conservation de la biodiversité ordinaire et patrimoniale. |
De nombreuses forêts sont incluses dans des inventaires patrimoniaux (ZNIEFF 1 et 2) ou font partie de périmètres de protections réglementaires (Natura 2000, Espaces Naturels Sensibles...) (Cf. chapitre : "La protection et la gestion du patrimoine naturel et des paysages"). |
Synthèse et enjeux
Avec une surface boisée représentant 19,5% de son territoire, le Morbihan, sans rivaliser avec la moyenne nationale (30%), est le département breton le plus boisé. Les forêts morbihannaises sont composées à parts égales de feuillus et de résineux ; les essences dominantes sont les chênes (chêne sessile et chêne pédonculé) et le pin maritime.
Ces forêts sont détenues par des propriétaires privés pour 96,5% de leur surface. Elles sont partagées entre un grand nombre de propriétaires et, mis à part quelques grandes propriétés, la surface moyenne par propriétaire est très faible (1,2 ha). Le reste des surfaces (3,5%) est soumis au régime forestier, où la forêt domaniale représente près de 30%. La production de bois, objectif économique unique pendant de nombreuses décennies, a peu à peu cédé du terrain face aux fonctions sociales et environnementales. Ces nouveaux enjeux, notamment dans des situations péri-urbaines nécessitent de repenser la forêt et sa gestion sylvicole, en proposant des services et des équipements nouveaux. D'un point de vue écologique, elle constitue des habitats propices à de nombreuses espèces de faune et flore, mais participe également à la constitution de réseaux permettant des interconnexions entre les écosystèmes. |
La situation actuelle, héritée d'un passé plus ou moins lointain, a mis dans bien des cas en concurrence les usages des sols. L'évolution des surfaces boisées s'est faite dans de nombreuses situations au détriment des landes, habitat présentant également un grand intérêt écologique. Peu riches sur le plan agronomique, des terrains de lande ont souvent été valorisés majoritairement par le pin maritime en peuplement mono-spécifique.
Outre les problèmes de débouché économique liés à une rentabilité et des quantités unitaires commercialisables faibles, des problèmes sanitaires sont apparus. Parmi ceux-ci, l'augmentation des attaques par la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) a pris au cours de la dernière décennie une importance considérable. Plus généralement, dans un contexte évolutif, notamment de recherche de nouvelles sources d'énergie, l'augmentation des surfaces boisées se fait parfois par la valorisation de terres agricoles ou de fonds de vallée. Ces nouvelles perspectives ne pourront s'envisager que dans le cadre d'une réflexion préalable visant à préserver les équilibres entre les usages des sols et à penser à long terme l'introduction de nouvelles espèces. |
Sources et liens
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