Atlas de l'environnement du Morbihan

Le climat

Le climat actuel du Morbihan

Un climat tempéré océanique

Situé au sud de la péninsule bretonne, le Morbihan appartient à la zone de climat tempéré de type océanique de la façade atlantique de l'Europe.

Ce climat se caractérise par des hivers doux et pluvieux, et des étés frais et relativement humides.

Cependant, dans le Morbihan le climat est contrasté (Cf. Carte 1).
Du nord au sud et d'est en ouest, les valeurs des paramètres climatiques sont sensiblement différentes.

Pour les mesurer, 46 stations sont en service dans le département, toutes ne suivant pas l'ensemble des paramètres. Des grandes tendances peuvent être dégagées grâce aux calculs de moyennes, mais il est à noter que les variabilités inter-annuelles et intra-annuelles peuvent être importantes.

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Carte 1

Carte 1 : Stations météorologiques et diagrammes ombrothermiques dans le Morbihan

Le contraste climatique est dû à l'influence thermique de l'océan, qui diminue en s'éloignant de la côte, et aux caractéristiques physiques du département (Cf. chapitre : “La géographie physique”), et en particulier :
  • les zones littorales sous influence océanique avec plus de 1 000 km de côtes (continent + îles) ;
  • une topographie plus basse à l'est du département (basse vallée de l'Oust) ;
  • les lignes de crêtes parallèles des Landes de Lanvaux qui créent une barrière nord-ouest/sud-est ;
  • les reliefs des Montagnes Noires au nord-ouest.
Les conditions climatiques du littoral du Morbihan, comparables à celles des côtes de Vendée et de Charente-Maritime, ont contribué au développement du tourisme qui occupe aujourd'hui une place essentielle dans l'économie morbihannaise (Cf. chapitre : “Le tourisme et les loisirs”).

Les températures

Dans le Morbihan, la température annuelle moyenne est comprise entre 10,9 et 12,6°C (Cf. Carte 2). Le nord-ouest du département est le secteur le plus froid. La bande côtière et les îles ont les températures moyennes les plus hautes car elles bénéficient des effets océaniques et de la latitude. Mais, c'est au niveau de l'amplitude journalière des températures (différence entre les minima et les maxima) que le contraste est le plus marqué dans le département. Par exemple, l'amplitude journalière moyenne à Belle-Ile n'est que de 5°C, alors qu'elle est de 9°C à Ploërmel (normales 1971-2000). Dans les terres, elle est plus marquée que sur la frange littorale et est proche de celle des climats de l'intérieur du pays.
Sur la côte, les brises thermiques qui résultent de la différence de température entre l'air au-dessus de la terre et l'air au-dessus de la mer empêchent la hausse des températures maximales l'été.

Les records connus de minima et de maxima mesurés sont de -14.5°C à Ploërmel en février 1986 et de 41°C à Guer en août 2003.

L'été, c'est dans l'est du département que l'on recense les températures les plus chaudes et l'hiver, c'est dans le nord, nord-ouest qu'il fait le plus froid. Le nombre de jours de gelée par an varie de 8 à 48, de Belle-Île à Pontivy.

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Carte 2

Carte 2 : Normales de températures (moyennes 1971-2000)
- en C° - dans le Morbihan

Les précipitations

Les précipitations dans le Morbihan varient du simple au double : à Belle-Ile, les précipitations annuelles moyennes se situent autour de 650 mm, tandis que dans le secteur de Guiscriff, elles atteignent environ 1 200 mm (Cf. Carte 3). Le maximum de précipitations se produit durant la saison froide. Les mois les plus pluvieux sont décembre et janvier et les mois les plus secs sont juillet et août. De manière générale, la pluviométrie est plus faible sur le littoral et à l'est du département.

Les précipitations se répartissent suivant les reliefs, bien que ceux-ci soient peu importants. Le nord-ouest et les crêtes des landes de Lanvaux sont les plus arrosés alors que les îles, la zone côtière et le secteur de Ploërmel sont les moins arrosés.

Chaque année, le nombre de jours de pluie (précipitations journalières > 1 mm) est compris entre 110 et 150 (Source Météo France).

A titre de comparaison, le nombre de jours de pluie sur les départements du bassin méditerranéen est deux fois moindre (de l'ordre de 50 à 80 jours) pour des cumuls de précipitations annuels à peine plus faible (de 650 à 950 mm de la côte à l'intérieur des terres dans le Var par exemple).

C'est le nombre de jours de pluie dans le Morbihan qui donne l'impression qu'elles sont abondantes.

Le Morbihan est l'un des départements de France où l'on dénombre le moins d'orages : de 7 à 12 jours par an qui peuvent être accompagnés de fortes pluies sur l'est du département.

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Carte 3

Carte 3 : Normales de précipitations (moyennes 1971-2000)
- en mm - dans le Morbihan

L'ensoleillement

Le Morbihan reçoit un rayonnement solaire d'environ 3,7 kWh/m2 horizontal par jour en moyenne sur une année (Join Research Center, Commission européenne). Mais le département présente également des contrastes importants pour ce paramètre.

C'est sur la frange littorale et sur le Golfe du Morbihan que l'ensoleillement est le plus important avec en moyenne 1 900 heures par an ce qui est légèrement supérieur par exemple au Pays basque (Source Météo France). Cet ensoleillement diminue vers l'ouest (seulement 1 750 heures à Lorient) et encore plus dans les terres.

Les vents

Le vent est caractérisé par deux paramètres : la vitesse et la direction. La vitesse annuelle moyenne du vent varie énormément sur le département.

A Belle-Île elle est de 23 km/h, à Lorient de 16 km/h, et à l'intérieur des terres (sud-est) de 8 km/h seulement (données 1987-1997). La répartition de la force des vents est la même dans le cas de tempêtes qui sont plus violentes sur les îles et sur la côte.
La majorité des vents provient d'une direction ouest à sud-ouest. Les roses des vents de Météo France, de Lorient et de Rostrenen (Côtes d'Armor) (représentative du nord du Morbihan) montrent des différences significatives entre les saisons.

Mais de manière générale, il est à noter la faible fréquence des vents de sud-est. Les vents forts (moyenne > 30 km/h) sont en
majorité des vents d'ouest et sont plus fréquents en hiver.

De la même façon, la vitesse des vents n'est pas constante au cours de l'année. La vitesse moyenne des vents est la plus élevée de novembre à février et elle est la plus faible sur les mois de juillet et août. De plus, les brises littorales peuvent modifier le sens du vent pendant la journée, l'été.

Les territoires climatiques

La prise en compte de l'ensemble des paramètres climatiques permet de diviser le département en territoires climatiques. Le climat est l'un des facteurs qui conditionnent la répartition des espèces. Ainsi, les contrastes
climatiques du Morbihan contribuent à la richesse spécifique et à la diversité des habitats. C'est particulièrement le cas de la flore (Rivière, 2007). L'atlas de la flore du Morbihan distingue 9 territoires climatiques (Cf. Carte 4) à partir des différents paramètres climatiques.

Les trois territoires de la région côtière sont soumis aux influences océaniques : hivers doux, été frais à cause des brises thermiques, précipitations plus faibles, ensoleillement important et vents plus importants.

C'est le Golfe du Morbihan qui est le plus soumis aux influences de l'océan. Le bassin de Ploërmel est le plus continental avec des hivers plus froids, des étés plus chauds et des précipitations de l'ordre de 750 mm/an. Les Montagnes noires, le Pays de Pontivy, le Scorff et Blavet et les Landes de Lanvaux sont les plus arrosés.

Enfin à l'est, le pays d'Oust et Vilaine est marqué par une insolation et une chaleur estivales plus marquées que les deux territoires précédents.

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Carte 4

Carte 4 : Territoires climatiques définis dans l'atlas de la flore du Morbihan

Les paléoclimats et paléoenvironnements dans le Morbihan

Les paléoclimats

Au cours des temps géologiques, le climat a évolué suivant des cycles plus ou moins longs.

Le climat de la Terre, globalement chaud, a été régulièrement entrecoupé de périodes de glaciations plus ou moins marquées.

Depuis environ 3 millions d'années, la Terre est entrée dans une phase de glaciation caractérisée par une alternance d'épisodes glaciaires (maximum glaciaire comme il y a 18 000 ans -en bleu sur la Cf. Figure 1-) et d'épisodes interglaciaires (comme le climat actuel -en rouge sur la Cf. Figure 1-) correspondant à des cycles d'environ 120 000 ans.
Reconstitution pour l'Antactique (site de Vostock) de l'évolution des écarts de températures par rapport à la moyenne actuelle en Antarctique

Figure 1 : Reconstitution pour l'Antactique (site de Vostock) de l'évolution
des écarts de températures par rapport à la moyenne actuelle en Antarctique

Source : d'après Petit & al., 2000

Le dernier maximum glaciaire date d'environ 18 000 ans, la température était inférieure de 4°C en moyenne à celle d'aujourd'hui (Cf. Figure 2).

Depuis 1 000 ans, la température a rapidement évolué.

Ainsi, on remarque d'une part un optimum médiéval au Moyen-âge entre le XIème et XIIIème siècle où la température était particulièrement élevée.

D'autre part, un petit âge glaciaire a sévi entre 1550 et 1850 environ, les températures ont été froides et plus particulièrement en Europe occidentale.
Evolution des écarts de températures en Europe par rapport à la température moyenne globale depuis 18 000 ans (synthèse des données disponibles)

Figure 2 : Evolution des écarts de températures en Europe par rapport
à la température moyenne globale depuis 18 000 ans (synthèse des données
disponibles)

Source : d'après Petit & al., 2000

Les paléoenvironnements

Tout comme le climat est cyclique, il existe une cyclicité des paysages.

Impacts sur la végétation

Depuis 18 000 ans, la végétation en Europe a été complètement modifiée (Cf. Figure 3).

La Bretagne a connu successivement une végétation de type steppique (18 000 à 12 000 ans), une végétation de type forêt (12 000 à 11 000 ans), une végétation mixte de type steppe toundra (10 800 à 10 000 ans) et puis à nouveau une végétation de type forêts depuis 9 000 ans.

Outre l'évolution de la végétation, les paysages ont été modifiés par les variations du niveau marin
Evolution de la végétation en Europe depuis 18 000 ans

Figure 3 : Evolution de la végétation en Europe depuis 18 000 ans

Source : www.esd.ornl.gov/projects/qen/nercEurope.html

Impacts sur le niveau de la mer

Lorsque la température augmente, les glaces fondent et l'eau de l'océan se dilate, ce qui entraîne une élévation du niveau de la mer. Il y a 18 000 ans, lors du Dernier Maximum Glaciaire, le niveau marin était 100 à 120 m plus bas qu'aujourd'hui, laissant émerger de vastes surfaces entre la côte de cette époque et la côte actuelle (Cf. Figure 4).

Après une remontée rapide d'environ 80 à 100 m en 10 000 ans, le niveau marin a évolué entre -10 m et + 2 m depuis environ 7 000 ans (Cf. Figure 5).

Il y a environ 5 000 à 6 000 ans lors de l'Optimum Climatique (Cf. Figure 2 et Cf. Figure 5), la mer a ennoyé les côtes basses de la façade atlantique (marais bretons et marais vendéens) puis s'est retirée par la suite.

Depuis cette période, les variations cycliques du niveau marin entre -5 m et le niveau actuel (Cf. Figure 5) ont accompagné les sociétés humaines qui ont occupé le littoral morbihannais.

A chaque fois que le niveau marin était à -3 m, par rapport à celui d'aujourd'hui, le Golfe du Morbihan avait la morphologie côtière présentée en Cf. Figure 6.
Morphologie côtière de la Bretagne il y a 18 000 ans lors du Dernier Maximum Glaciaire

Figure 4 : Morphologie côtière de la Bretagne il y a 18 000 ans
lors du Dernier Maximum Glaciaire

Source : à partir des données bathymétrique du SHOM

Evolution du niveau de la mer depuis 10 000 ans

Figure 5 : Evolution du niveau de la mer depuis 10 000 ans

Source : d'après Petit & al., 2000

Estran découvert à marée basse - Golfe du Morbihan

Estran découvert à marée basse - Golfe du Morbihan

L'étude des paléoclimats a permis de montrer que le climat océanique contrasté que l'on connaît dans le Morbihan est le résultat de cycles naturels et des propriétés physiques du département. Aujourd'hui, les activités humaines viennent également influer sur le climat avec l'augmentation des gaz à effets de serre. Les changements globaux qui sont en train de s'opérer ont un impact sur les milieux naturels, sur le niveau marin, sur les activités humaines et sur la santé publique. L'homme doit donc s'adapter, voire anticiper ces changements (Cf. chapitres : “Les risques naturels et technologiques” et “La qualité de l'air et le changement climatique”).
Morphologie côtière du Golfe du Morbihan, avec un niveau marin inférieur de 3 m à celui d'aujourd'hui

Figure 6 : Morphologie côtière du Golfe du Morbihan, avec un niveau marin inférieur de 3 m à celui d'aujourd'hui

Carte réalisée par Goubert E. à partir de Perez-Belmonte 2008 et des données du SHOM

Sources et liens

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  • Fiers V. (Coord.), 2006. La gestion de la biodiversité à l'épreuve du réchauffement climatique. Espaces naturels, n°15. pp. 9-24.
  • GIEC, 2007. Bilan 2007 des changements climatiques. Rapport de synthèse. GIEC, Genève, Suisse. 103 p.
  • Lemasson L., 1999. Vents et tempêtes sur le littoral de l'ouest de la France : variabilité, variation et conséquences morphologiques. Thèse de doctorat de l'universitéde Rennes 2. 186 p.
  • MEDAD, 2007. Changement climatique et prévention du risque sur le littoral, Séminaire Paris, 18 & 19 septembre 2007. 77 p.
  • Morzadec-Kerfourn M.T., 1974. Variations de la ligne de rivage armoricaine au quaternaire : analyses polliniques de dépôts organiques littoraux. Mémoires de la Société géologique et minéralogique de Bretagne, vol. 17. Université de Rennes1. 208 p.
  • ONERC, 2007. Stratégie nationale d'adaptation au changement climatique. La documentation française. 96 p.
  • Perez-Belmonte L., 2008. Caractérisation environnemen- tale, morphosédimentaire et stratigraphique du Golfe du Morbihan pendant l'Holocène terminal : implications évo- lutives. Thèse de doctorat del'Université de Bretagne Sud, 219 p.
  • Petit, J.R., D. Raynaud, C. Lorius, J. Jouzel, G. Delaygue, N.I. Barkov, and V.M. Kotlyakov., 2000. Historical isotopic temperature record from the Vostok ice core. In Trends: A Compendium of Data on Global Change. Carbon Dioxide Information Analysis Center, Oak Ridge National Laboratory, U.S. Department of Energy, Oak Ridge, Tenn., U.S.A. doi:10.3334/CDIAC/cli.006.
  • Regnauld H., Tapia-Duchesne S. et Pian S., 2006. Les impacts de l'élévation du niveau marin sur le littoral du département du Morbihan. ODEM - Laboratoire COSTEL, Université de Rennes 2. 64 p.
  • Rivière G., 2007. Atlas de la flore du Morbihan. Editions Siloé - Conseil général du Morbihan - Conseil régional de Bretagne - Conservatoire Botanique National de Brest. 654 p.

www.bretagne-environnement.org

www.meteofrance.com

www.ipcc.ch (site du GIEC)

onerc.org