Atlas de l'environnement du Morbihan

L'énergie


Avertissement :

Ce chapitre présente des informations faisant appel à des notions physiques qui peuvent être source de confusion pour les non-initiés (notions d'énergie, de puissance, unités de mesure...). Nous vous conseillons donc de consulter le glossaire.

Le contexte énergétique français

La consommation d'énergie primaire en France s'est élevée, en 2010, à 265 MTEP (millions de tonnes équivalent pétrole), soit 2% de la consommation mondiale. Elle se structure de la manière suivante :
  • 4,1% de charbon,
  • 30,8% de produits pétroliers,
  • 43,4% d'électricité,
  • 15,1% de gaz naturel,
  • 6,4% de déchets et d'énergies renouvelables thermiques (ENRt) telles que le bois, le solaire thermique, les agrocarburants...
Depuis le début des années 70, la consommation énergétique française a augmenté de plus de 40% et a également évolué dans sa structure (Cf. Figure 1) : les parts du charbon et du pétrole ont diminué tandis que celles de l'éléctricité et du gaz progressaient.
Les secteurs les plus consommateurs en 2010 sont le résidentiel-tertiaire et les transports qui représentent 74% de la consommation d'énergie finale.
Figure 1

Figure 1 : Evolution de la consommation énergétique primaire en France

Source : Service de l'observation et des statistiques du Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement

La France a produit 138 MTEP d'énergie primaire en 2010, soit 1,1% de la production mondiale. 80% de cette production était d'origine nuclaire.
La France dépend donc presque entièrement de ses approvisionnements extérieurs pour le pétrole et le gaz naturel puisqu'elle ne produit que 2% de sa consommation de pétrole et 1,5% de sa consommation de gaz naturel.
Elle est, par contre, exportatrice d'électricité, principalement vers le Royaume Uni, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie.

La France est le 2nd producteur d'énergies renouvelables d'Europe. En 2010, la production totale (électrique et thermique) s'élevait à 22,7 MTEP soit 16,4% de la production nationale d'énergie primaire (Cf. Figure 2). Elle est en hausse de 13% par rapport à 2009.

Après 4 années de baisse, les émissions nationales de CO2 liées à l'énergie augmentent en 2010 et s'élevent à 372 millions de tonnes (2,2% de hausse par rapport à 2009). Cela représente une diminution de 4,4% par rapport à l'année de référence du protocole de Kyoto, 1990 (Cf. chapitre : “La qualité de l’air et le changement climatique”).
Figure 2

Figure 2 : Nature de la production d'énergies renouvelables en France en 2010

Source : Service de l'observation et des statistiques du Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement

Cadre règlementaire

La politique énergétique française repose sur la loi de programme n°2005-781 du 13 juillet 2005, dite "Loi POPE" (loi de programmation fixant les orientations de la politique énergétique en France). Elle propose 4 grands objectifs :
  • Améliorer l'indépendance énergétique nationale et garantir la sécurité de l'approvisionnement,
  • Assurer un prix compétitif de l'énergie,
  • Préserver la santé humaine et l'environnement, en particulier en luttant contre l'aggravation de l'effet de serre,
  • Garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant à tous l'accès à l'énergie.
Il s'agit d'objectifs à long terme, qui fixent un cap à l'action de politique énergétique pour les 30 ans à venir. Pour les atteindre, 4 axes d'action ont été définis :
  • Maîtrise de la demande d'énergie : objectif de baisse annuelle de l'intensité énergétique finale de 2% dès 2015 et de 2,5% d'ici 2030 (instauration des certificats d'économie d'énergie, dispositifs d'incitation fiscale, sensibilisation...).
  • Diversification du bouquet énergétique par le développement des énergies renouvelables notamment.
  • Développement de la recherche et de l'innovation dans le secteur de l'énergie : dans les secteurs du nucléaire, des énergies renouvelables, du stockage et du transport de l'énergie...
  • Amélioration des moyens de transport et de stockage de l'énergie : développement des réseaux de transport et distribution, renforcement des interconnexions entre pays européens...
En outre, l'Etat favorise la réduction de l'impact sanitaire et environnemental de la consommation énergétique : pollutions sur les milieux liés à l'extraction ou l'utilisation de combustibles, rejets liquides ou gazeux, de poussières ou d'aérosols... La surveillance de la qualité de l'air en milieu urbain est ainsi renforcée, ainsi que les normes visant à limiter :
  • le bruit,
  • les perturbations engendrées par les ouvrages hydroéléctriques sur les cours d'eau,
  • l'impact paysager des éoliennes et des lignes éléctriques,
  • les conséquences des rejets radioactifs et l'accumulation de déchets radioactifs (Cf. chapitre : "Les déchets").
Le secteur de l'énergie est également encadré par de nombreux autres textes règlementaires :
  • Loi n°2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire,
  • Loi de programme n°2006-739 du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs
  • Loi n°2004-803 du 9 août 2004 relative au service public de l'électricité et du gaz et aux entreprises électriques et gazières
  • Loi n°2006-1537 du 7 décembre 2006 relative au secteur de l'énergie
  • Loi n°92-1443 du 31 décembre 1992 portant réforme au régime pétrolier
  • etc

La loi de programmation du 3 août 2009 relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, dite Grenelle 1, fixe également des objectifs en matière de maîtrise de la consommation énergétique. En effet, en placant au 1er plan la lutte contre le réchauffement climatique, la loi Grenelle 1 fixe un objectif d'amélioration de 20% de l'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables (23% de la consommation finale) d'ici 2020.
Les mesures d'économie d'énergie porteront prioritairement sur les secteurs suivants :
  • L'habitat : application des normes basse consommation pour les nouvelles constructions, incitation à la rénovation thermique des bâtiments anciens...
  • Les transports : développement des transports collectifs, des transports de marchandise ferrovière, fluvial et maritime...
Mais des mesures seront également prises afin d'améliorer l'efficacité des produits de consommation courante, de développer les énergies renouvelables et la recherche.

La loi n°2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement, dite loi Grenelle 2, vient décliner secteur par secteur les mesures correspondants aux objectifs fixés par la loi Grenelle 1.

Un département dépendant

La consommation énergétique finale

La consommation énergétique de la Bretagne représentait en 2010, 4,4% de la consommation nationale (hors siderurgie) pour 5,1% de la population. En hausse par rapport aux années 90, on constate cependant une relative stabilisation de la consommation énergétique (corrigée du climat) depuis le début des années 2000 (Cf. Figure 3).

La correction climatique permet de s'affranchir des variations de consommation liées à la variabilité naturelle du climat et permet donc de mieux analyser les évolutions à moyen et long termes.
Ainsi, non corrigée du climat, la consommation énergétique régionale a augmenté de près de 1,4% en 2010 par rapport à 2009 en raison des vagues de froid.

Le département du Morbihan représente 21,8% de la consommation régionale avec une consommation énergétique finale de 1 578 kilotonnes équivalent pétrole (kTEP) en 2010 (non corrigée du climat).

Elle se structure de la manière suivante :
  • 27% d’électricité,
  • 15% de gaz naturel,
  • 53% de produits pétroliers (y compris agrocarburants)
  • 5% de bois
Figure 3

Figure 3 : Evolution de la consommation énergétique
bretonne corrigée du climat
(produits pétroliers, gaz naturel et électricité)

Source : Observatoire de l'énergie et des gaz à effet de serre, 2011

La consommation énergétique du Morbihan a augmenté d'environ 24% entre 1995 et 2010.

Depuis 2006, on constate un ralentissement de l'augmentation de la consommation (Cf. Figure 4). Cependant, si la consommation de produits pétroliers et de gaz naturel semble se stabiliser, la consommation d'électricité continue d'augmenter (6,3% entre 2005 et 2009) avec un pic de consommation de 8,6% entre 2009 et 2010.

DescripteurLa consommation d'énergie dans le Morbihan
Figure 4

Figure 4 : Evolution de la consommation énergétique finale
du Morbihan non corrigée du climat
(produits pétroliers, gaz naturel et électricité)

Source : Observatoire de l'énergie et des gaz à effet de serre et
DRIRE Bretagne

Les secteurs les plus consommateurs sont, en Bretagne comme au niveau national, le résidentiel-tertiaire ainsi que les transports (Cf. Figure 5).

La forte part du secteur résidentiel, largement équipé en chauffage éléctrique,  explique les hausses de la consommation électrique observées durants les hivers froids (en 2010 par exemple).

La région est également caractérisée par une consommation énergétique de l’agriculture beaucoup plus importante qu’au niveau national où sa part ne représente que 2% des consommations.
Cette différence peut s’expliquer par la forte proportion d’élevages et de serres chauffés en Bretagne.
Figure 5

Figure 5 : Consommation énergétique finale par secteur
en Bretagne en 2009

Source : Observatoire de l'énergie et des gaz à effet de serre
en Bretagne, 2011

La production d'énergie

En 2010, la production d’énergie dans le Morbihan était d’environ 116 kTEP (111 kTEP livrés sur le réseau), c’est-à-dire seulement 7,4% de ses besoins énergétiques totaux (Observatoire de l’énergie et des gaz à effet de serre en Bretagne).

Il s’agit principalement de bois-énergie (principalement du bois-bûche consommé par les particuliers) et d’énergie électrique car le département n’a pas de site de production de gaz naturel et de produits pétroliers (Cf. Figure 6). L'essentiel de la production énergétique du Morbihan est d'origine primaire (bois, électricité éolienne et hydraulique), c'est à dire que ces énergies sont livrées aux consommateurs sans transformation.

Le Morbihan est loin de couvrir ses besoins énergétiques ce qui le rend dépendant de ses approvisionnements extérieurs. Cependant, depuis 2003, la production d’électricité dans le département est en progression, notamment grâce au développement du bois énergie et de l’éolien. En 2010, on constate une augmentation de la production de 19% par rapport à 2009.

DescripteurLa production d'énergie dans le Morbihan
Figure 6

Figure 6 : Sources de la production énergétique du Morbihan en 2010

Source : Observatoire de l'énergie et des gaz à effet de serre en Bretagne

D’après la base de données “Obstacles” de l’ONEMA, le département compterait 48 ouvrages de production d’hydroélectricité dont 8 sous le régime de la concession pour une puissance installée de 23,8 MW, si l'on comptabilise la centrale de Guerlédan qui représente à elle seule 20 MW (ODEM, 2009).

Les autres centrales hydroélectriques, sous le régime de l’autorisation, sont le plus souvent des installations de petite taille alimentant une habitation (Cf. Carte 1). Elles représentent une puissance installée d'environ 1,5 MW supplémentaire.

La puissance installée globale du département en terme d’hydroélectricité peut donc être estimée à environ 25 MW (ODEM, 2009) si l'on comptabilise la centrale de Guerlédan. - Cf. chapitre : “Les énergies renouvelables et les économies d’énergie”.

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Carte 1

Carte 1 : Centrales de production d'hydroélectricité dans le Morbihan

Par ailleurs, le département est producteur d’agrocarburants, et notamment de diester à partir de colza.

En 2008, les surfaces de colza cultivées couvraient environ 3 550 hectares dans le Morbihan pour la production de diester (Cf. Figure 7) soit une diminution de plus de 60% par rapport à 2007. Une baisse similaire est observée au niveau régional.
Les faibles rendements de la campagne 2007 et la suppression de l'obligation de geler les terres expliquent en partie cette chute brutale. L'absence d'usine de trituration du colza en diester en Bretagne pourrait également l'expliquer (Agreste Bretagne, DRAAF Bretagne, 2010).

Le Morbihan produit également de la chaleur, via le bois-énergie.
En 2010, il comptait 31 chaufferies bois à alimentation automatique qui ont permis la production de l’équivalent de 3 042 TEP (Cf. chapitre : “Les énergies renouvelables et les économies d’énergie”).

Enfin, avec 4 installations de méthanisation en fonctionnement en 2010, le département a produit l'équivalent de 1000 TEP de biogaz valorisé sous forme de chaleur et d'électricité.
Figure 7

Figure 7 : Evolution des surfaces cultivées en colza énergétique
dans le Morbihan

Source : Agreste Bretagne

L'approvisionnement énergétique du Morbihan

Centrale thermique à flamme (fioul et charbon) de Cordemais (44)

Centrale thermique à flamme (fioul et charbon) de Cordemais (44)

L'approvisionnement en électricité

La Bretagne est desservie par deux lignes électriques de 400 000 volts. Pour le département du Morbihan, l’essentiel de l’énergie électrique provient de la centrale thermique de Cordemais en Loire Atlantique (Cf. Carte 2)

Du fait de sa position géographique péninsulaire et du manque de moyens de production d’énergie régionaux, le réseau de transport de l’électricité de la Bretagne est très fortement sollicité : pertes en lignes et chutes de tension sont susceptibles de conduire à des délestages (coupure d’alimentation d’une partie du réseau) lors des appels de puissance importants (Région Bretagne, 2009).

Le réseau breton est ainsi l’un des plus fragiles de France et en cas de dysfonctionnement de la centrale de Cordemais, un risque de rupture de distribution électrique n’est pas à exclure lors des pics de consommation.

Dans ce contexte, le Pacte électrique breton, signé en décembre 2010 par l'Etat, la région Bretagne, RTE (Réseau de Transport de l'Electricité), l'ADEME et l'ANAH (Agence Nationale d'Amélioration de l'Habitat), fixe, en plus du développement des énergies renouvelables et des économies d'énergie, un objectif de sécurisation de l’approvisionnement électrique en Bretagne.

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Carte 2

Carte 2 : Réseau de transport de l'électricité dans le Morbihan

Celle ci passe par une solution globale de renforcement du réseau de transport de l’électricité :
  • Création, d’ici 2018, d’une liaison souterraine entre Lorient et Saint-Brieuc de 225 kV, afin de renforcer le réseau de transport d'électricité.
  • Mise en place dans l’aire de Brest, à l’horizon 2015, d’un moyen de production d’appoint de type centrale cycle combiné gaz d’une puissance d’environ 450 MW.
  • Mise au point de réseaux "intelligents" permettant un meilleur équilibre consommation-production et le stockage de l’énergie.
  • Développement de la production d'électricité à partir de la cogénération.
www.bretagne.pref.gouv.fr/Espace-participatif/Le-Pacte-electrique-breton2

L'approvisionnement en gaz naturel

L’approvisionnement de la Bretagne en gaz naturel se fait par transport maritime, via le terminal méthanier de Montoir de Bretagne (Loire Atlantique) puis par gazoduc.

74 communes du département étaient desservies en gaz naturel en 2008 (Cf. Carte 3). Cela représente environ 480 100 habitants desservis (données INSEE 2008) soit 68% de la population morbihannaise.

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Carte 3

Carte 3 : Communes morbihannaises desservies en gaz naturel au 1er avril 2008

L'approvisionnement en produits pétroliers

En raison de l’absence de raffinerie en Bretagne, l’approvisionnement du département en produits pétroliers est exclusivement réalisé par des productions extérieures :
  • par transport maritime (port de Lorient),
  • par transport routier depuis la raffinerie de Donges (Loire Atlantique).
Par ailleurs, afin de prévenir toute rupture d'approvisionnement, la règlementation française oblige les opérateurs de la distribution à détenir en permanence en stock 27% des volumes mis à la consommation l'année précédente.

Cette obligation est assurée pour partie par le Comité Professionnel des Stocks Stratégiques Pétroliers (CPSSP). Les dépôts sont dispersés sur l'ensemble du territoire afin de favoriser leur utilisation vis à vis des consommateurs finaux en cas de rupture des circuits d'approvisionnement.

Risques et impacts du secteur de l'énergie sur l'environnement et la santé

Les installations de production d’énergie peuvent, lors de leur construction ou durant leur exploitation, entrainer des impacts pour l’environnement (ADEME, CLER, 2002 et Ministère de l’Ecologie et du Développement durable, 2002), notamment :
  • des rejets de substances polluantes dans les sols, l’atmosphère ou dans les milieux aquatiques : stockage des produits pétroliers et du gaz, fuites accidentelles…
  • la consommation d’eau et rejets de produits phytosanitaires : refroidissement des réacteurs nucléaires, culture intensive pour la production d’agrocarburants
  • la production de déchets dangereux et coûteux à traiter (déchets radioactifs),
  • la destruction ou la modification des écosystèmes,
  • des perturbations de la faune environnante,
  • l'altération des paysages...
Cependant, la consommation directe d'énergie peut également être à l'origine de pollutions ou de nuisances pour l'environnement ou la santé humaine.

Une des conséquences les plus connues de la consommation énergétique est, par exemple, l'émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère lors de l'utilisation d'énergies fossiles (produits pétroliers, charbon, gaz naturel).
Mais la consommation d'énergie peut être à l'origine d'autre émissions atmosphériques qui peuvent être néfastes pour l'environnement ou la santé.

Les émissions de gaz à effet de serre

Le secteur de l’énergie en Bretagne était responsable de l’émission de 16 630 kilotonnes de CO2 en 2010, soit 4,5% des émissions françaises liées au secteur de l’énergie. Plus de 80% de ces émissions provenaient des seuls secteurs des transports et du résidentiel-tertiaire (Cf. Figure 8).

Dans le secteur du résidentiel-tertiaire, la consommation d'énergie pour le chauffage est la principale source d'émission de gaz à effet de serre. En effet, en Bretagne comme dans le Morbihan, les principaux modes de chauffage des habitations sont (données 2005 Ener'ges, Bretagne Environnement) :
  • le gaz naturel (24% des résidences principales)
  • le fioul (27%)
  • l'électricité (34%)
  • le bois (9%)
  • le GPL (4%)
  • les réseaux de chauffage urbain (2%)
Figure 8

Figure 8 : Emissions de CO2 liées aux consommations énergétiques finales (corrigées du climat) en Bretagne en 2009

Source : Observatoire de l'énergie et des gaz à effet de serre, 2011

Les émissions de CO2 liées aux consommations énergétiques sont en baisse depuis 2004 (- 4,5%), avec une légère hausse en 2010 (Cf. Figure 9). Cette diminution est en grande partie liée à l'incorporation croissante d'agrocarburants dans les produits pétroliers et au développement des chaufferies bois (Observatoire de l'énergie et des gaz à effet de serre, 2010).

Environ 90% des émissions énergétiques de gaz à effet de serre sont liées à la consommation d'energie sur le sol breton. Les 10% restants sont liés à la production d’électricité dans des régions hors Bretagne. On parle alors d’émissions indirectes.
(Observatoire de l’énergie et des gaz à effet de serre, 2010) - (Cf. chapitre : “La qualité de l’air et le changement climatique”).
Figure 9

Figure 9 : Evolution des émissions de CO2 liées à la consommation d'énergie finale en Bretagne

Source : Observatoire de l'énergie et des gaz à effet de serre, 2011

Le secteur des transports était responsable de 45% des émissions de GES en Bretagne en 2009

Le secteur des transports était responsable de 45% des émissions de GES en Bretagne en 2009

Autres émissions atmosphériques

En ce qui concerne les pollutions locales, les énergies fossiles (notamment les carburants des transports) sont à l'origine de la majeure partie des émissions d'oxydes d'azote (NOx), monoxyde de carbone (CO) et de composés organiques volatils (COV).

L'utilisation de combustibles fossiles tels que le charbon, le fioul lourd, le fioul domestique ou le gazole (centrales thermiques, raffineries, véhicules automobiles...) sont également à l'origine de près de 50% des émissions nationales de dioxyde de soufre (SO2) ainsi que de différents métaux lourds (Cf. chapitre : “La qualité de l’air et le changement climatique”).

Ces substances ne sont pas sans effet sur la santé et peuvent être à l'origine de diverses atteintes :
  •  Les oxydes d'azote sont des agents irritants pour les poumons, ils peuvent provoquer des affections des voies respiratoires chez les enfants, les personnes agées ou les personnes souffrant de maladies respiratoires comme l'asthme.
  • Les COV ont des effets très divers selon leur famille : de la simple gêne olfactive à une importante irritation des poumons accompagnée d'une diminution de la capacité respiratoire. Enfin, certains COV comme le benzène et le formaldéhyde ont des effets mutagènes et cancérigènes reconnus.
  • Le dioxyde de soufre peut entrainer des affections du système respiratoire. Les personnes âgées, les enfants et les personnes souffrant de maladies cardio-respiratoires sont les plus vulnérables.

Energies renouvelables et environnement




Impacts sur les milieux naturels

Au delà des aspects esthétiques des installations de production d'énergies renouvelables qui relèvent plus d'une approche subjective et sensible du paysage (Cf. chapitres "Le paysage" et "La protection et la gestion du patrimoine naturel et des paysages"), leur fonctionnement peut également entrainer des impacts sur les milieux naturels.
Ces impacts diffèrent selon les types d'installations.

Les parcs éoliens, par exemple, peuvent être à l'origine de nuisances, notamment pour les oiseaux et les chiroptères (chauves-souris) :
  • perte de territoire pour la nidification, dérangement,
  • implantation sur le terrain de chasse d'une colonie de chiroptères,
  • risques de collision,
  • perturbation des routes migratoires...
Des études réalisées en Europe ont montré que la mortalité d'oiseaux liée aux éoliennes était faible au regard d'autres facteurs de mortalité tels que la circulation routière, les lignes électriques aériennes, les baies vitrées... Néanmoins, le choix de l'emplacement d'un parc éolien et de la disposition des machines est particulièrement important pour limiter les impacts directs ou indirects sur la faune environnante (Thonnérieux, 2005).

Les centrales de production d'hydroélectricité peuvent elles aussi entrainer des impacts sur le milieu physique ou vivant :
  • modification du régime des eaux, impacts sur la stabilité des berges, modification de l'écoulement des crues...
  • transformation des habitats terrestres (modification de la végétation), effet d'obstacle à la circulation des espèces de poissons migrateurs, modification des écosystèmes aquatiques...

Parmi les impacts liés à la production d'énergie d'origine renouvelable, citons également la culture des agrocarburants qui peut, si elle est réalisée de manière intensive, être à l'origine de pollutions par des produits phytosanitaires ainsi que le risque de sur-exploitation des ressources sylvicoles, notamment du bocage, pour l'approvisionnement de la filière bois-énergie.

Afin de limiter la dégradation des milieux naturels, le droit français prévoit donc que les projets de travaux et d'aménagements publics ou privés susceptibles d'avoir des incidences notables sur l'environnement ou la santé humaine soient précédés d'une étude d'impact.
Le contenu de cette étude comprend au minimum une analyse de l'état initial du site et de son environnement, une évaluation des modifications que le projet y engendrerait et l'étude de ses effets sur la santé. Les mesures envisagées pour supprimer, réduire et, si possible, compenser les impacts identifiés et la santé doivent également être présentées (articles L122-1 et suivants du code de l'environnement).

En outre, les effets sur le paysage, le patrimoine culturel et historique doivent également être pris en compte dans le cadre d'un véritable projet d'aménagement.

Nuisances générées par les éoliennes

Selon le sondage ADEME "Les français et les énergies renouvelables" une des principales causes évoquées de refus de l'éolien est le bruit généré par les éoliennes (Gaspard, 2011).

Celui ci a deux origines : le bruit mécanique et le bruit aérodynamique.
Le bruit mécanique est engendré par les engrenages situés à l'interieur de la nacelle. Ces dernières années, ces émissions sonores ont été réduites grâce aux progrés technologiques :
  • maîtrise des phénomènes vibratoires,
  • capitonnage de la nacelle,
  • conception plus silencieuse...
Le bruit aérodynamique est lié à l'écoulement de l'air autour des pâles. La plus grande partie du bruit a pour origine l'extrémité des pâles et leur bord de fuite. L'utilisation de profils et de géométrie de pâles spécifiques aux éoliennes a permis de réduire cette source sonore.

Par ailleurs, le niveau sonore d'une éolienne se stabilise lorsque le vent atteint une certaine vitesse : le bruit du vent vient alors couvrir celui de l'éolienne (ADEME, CLER, 2002).

Le bruit généré par un parc éolien dépend de nombreux facteurs :
  • nombre, puissance et implantation des éoliennes,
  • conditions météorologiques (notamment l'hygrométrie et la température)
  • nature du sol,
  • topographie,
  • présence de végétation,
  • vitesse du vent.
Eolienne
Une étude menée par l'AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail) en 2008 a permis d'évaluer les niveaux sonores suivants (Rumeau, 2008) :
  • pour une éolienne de 2 MW (puissance installée moyenne en France) : entre 48 dB(A) à 200m de distance et 26 dB(A) à 1500m de distance (prise sonore à 2m de hauteur) ;
  • pour 6 éoliennes de 2 MW chacune : entre 54 dB(A) à 200m de distance et 34 dB(A) à 1 500m de distance.
Les sons audibles se situent entre 0 et 140 dB, le seuil de la douleur étant fixé à 120 dB (Cf. chapitre "Le bruit"). On considère qu'en dessous de 70-80 dB, l'exposition longue durée n'entraîne pas de lésions.

Les émissions sonores des éoliennes ne sont donc pas suffisantes pour générer des conséquences sanitaires directes. Cependant, d'après l'AFSSET, elles peuvent être à l'origine d'une gêne, parfois exacerbée par d'autres facteurs non sonores (esthétiques par exemple), une analyse au cas par cas est donc recommandée (Rumeau, 2008).

D'un point de vue règlementaire, l'émergence maximale tolérée est de 3 dB(A) la nuit et de 5 dB(A) le jour à l'extérieur d'une maison. Dans certains cas, la modification du schéma d'implantation des éoliennes peut donc être rendue nécessaire.


Le Code de l'environnement précise quant à lui que les installations doivent respecter une distance d'éloignement de 500m par rapport aux habitations (article L553-1 du Code de l'environnement).

Un risque également cité lorsqu'il s'agit d'éoliennes est l'émission d'ondes basse fréquence.
Si ces dernières peuvent effectivement, dans certains cas, avoir une influence sur la santé humaine, les énergies mises en jeu dans le cas des éoliennes ne sont pas suffisantes pour engendrer des effets nocifs à longue distance (ADEME, CLER, 2002).

Par ailleurs, au même titre que toute nouvelle construction, les éoliennes sont susceptibless de faire obstacle aux ondes radio et hertziennes et d'en brouiller la réception.
Le Code de la construction (article L112-2) oblige donc les responsables de ces obstacles à remédier au phénomène à leurs frais.
Ce phénomène de perturbation d'ondes s'avère plus sensible encore pour les stations radar (météo ou armée) qui nécessite une protection particulière. Celles ci sont donc protégées par des servitudes radioélectriques, zones couvertes par décret où obstacles et perturbations sont interdis (Civel, 2004).

La lutte contre le réchauffement climatique

Les modes de production d’énergie renouvelable (éolien, hydraulique, photovoltaïque…) présentent toutefois un net avantage par rapport aux énergies fossiles (produits pétroliers, gaz, charbon) en terme d’impacts environnementaux. En effet, ils ne rejettent pas ou peu de gaz à effet de serre (GES) qui participent au réchauffement climatique de la planète.

Les GES issus de la combustion des énergies fossiles représentent, quant à eux, les 3/4 des émissions d’origine anthropique (Cf. chapitre : “La qualité de l’air et le changement climatique”).
En luttant contre le réchauffement climatique, les énergies renouvelables participent donc au maintien à long terme de la biodiversité des milieux naturels.

Cf. Chapitre "Les énergies renouvelables et les économies d'énergie"

Synthèse et enjeux

Le département du Morbihan, tout comme la Bretagne, demeure vulnérable et peu performant d’un point de vue énergétique. En effet, avec une production de 116 kTEP en 2010, il a couvert moins de 7% de ses besoins énergétiques.

Par ailleurs, l'augmentation de la consommation d'électricité associée à l'architecture spécifique du réseau électrique breton (situation péninsulaire) expose le département à un risque de rupture de l'approvisionnement durant les périodes de pointe.
Le parc immobilier breton notamment, fortement équipé en chauffage électrique, et le développement des pompes à chaleur renforcent, en efftet, la sensibilité du système électrique régional aux vagues de froid.
Cette fragilité croissante a été identifiée comme un enjeu fort pour la Bretagne, aussi bien au niveau local par les collectivités territoriales que par le gestionnaire du réseau de transport de l'électricité (RTE) et l'Etat.

Face à cette situation, des mesures visant à maîtriser la demande en électricité, développer les productions énergétiques locales et sécuriser l'approvisionnement doivent donc être prises.

D'autre part, la production et la consommation d’énergie ont des conséquences pour l’environnement, la plus préoccupante étant l’accroissement de la concentration en gaz à effet de serre qui entraîne une élévation de la température sur la planète.
Or, une hausse des températures de plus de 2°C renforcerait les phénomènes météorologiques extrêmes, ce qui aurait des conséquences d’un coût bien supérieur aux mesures de prévention susceptibles d’être prises.

Devant la gravité de ces enjeux, la France et l’Europe se sont fixé l'objectif dit des "3 fois 20" : il s'agit, d'ici 2020, d'accroître l'efficacité énergétique de 20%, de porter la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique européenne à 20% et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à leur niveau de 1990.
De plus, pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, il faudra que d’ici à 2050, les émissions de l’ensemble du globe aient diminué de 50% par rapport à 1990, ce qui suppose des réductions de l’ordre de 60 à 80 % d’ici à 2050 de la part des pays industrialisés (Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, 2010).

Ce sont donc des enjeux économiques et sociaux (sécurité d’approvisionnement, augmentation du prix des énergies, épuisement des ressources fossiles...) mais également environnementaux qui poussent le Morbihan à maîtriser sa consommation énergétique et diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment par le développement des énergies renouvelables (Cf. chapitre : “Les énergies renouvelables et les économies d’énergie”).

Sources et liens

  • ADEME, CLER, 2002. Des éoliennes dans votre environnement ? 6 fiches pour mieux comprendre les enjeux. n.p.
  • Agreste Bretagne, DRAAF Bretagne, 2010. Tableaux de l'agriculture bretonne 2009. np.
  • Civel (Dir.), 2004. Les bruits de l'éolien : rumeurs, cancans, mensonges et petites histoires. ADEME, Ed. Systèmes Solaires. 50 p.
  • Gaspard, 2011. Le photovoltaïque et l'éolien : perception et conflits locaux. Réunion d'information et d'échanges "Photovoltaïque et éolien : avenir ou à venir ?" ATEE, Ecole des mines de Nantes.
  • Coudret-Guimbert, Galiano, Lansiard, Bert, Seguin et Vigneron (Coord.), 2004. Guide de l'étude d'impact sur l'environnement des parcs éoliens. Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable. ADEME. 112 p.

  • Ministère de l’Ecologie et du Développement durable, 2002. Petite hydroélectricité et environnement. Rapport du groupe de travail. 93 p.
  • Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, 2010. Stratégie nationale du développement durable 2010- 2013. 60 p.
  • MINEFI, 2008. Repères : L’énergie en France. Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (MINEFI). 36 p.
  • Observatoire de l’énergie et des gaz à effet de serre en Bretagne, 2011. Chiffres clés de l’énergie en Bretagne. Bretagne-Environnement. 27 p.
  • ODEM, 2009. Les centrales hydroélectriques dans le Morbihan : contexte, état des lieux et potentiel de développement. 18 p.
  • Région Bretagne, 2005. Un plan énergie pour la Bretagne : état des lieux, enjeux et méthode. 59 p.
  • Rumeau (Coord.), 2008. Impacts sanitaires du bruit généré par les éoliennes - Etat des lieux de la filière éolienne - Propositions pour la mise en oeuvre de la procédure d'implantation. AFSSET, ADEME. 115 p.
  • Thonnérieux, 2005. Eoliennes et oiseaux : quelles conséquences ? Le courrier de la Nature n°218. Mars 2005. pp 27-33.


www.ademe.fr

www.afsset.fr

www.insee.fr

www.bretagne.drire.gouv.fr

www.ademe.fr/bretagne

www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr

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draaf.bretagne.agriculture.gouv.fr

www.onema.fr