Atlas de l'environnement du Morbihan

La qualité de l'air et le changement climatique

La qualité de l'air : une notion complexe

L’air que nous respirons est un mélange complexe composé principalement d’azote (78%), d’oxygène (21%) et d’argon (0,9%), mais aussi, en faible quantité, de vapeur d’eau, de dioxyde de carbone, ainsi que de poussières et de gaz divers.
Parmi ces composés se trouvent des gaz qui peuvent être plus ou moins agressifs pour l'homme et son environnement. Ils résultent d’activités humaines mais également de phénomènes naturels comme l’érosion des roches, l’activité volcanique et les feux de forêts…

On appelle pollution de l’air toute modification de la composition de l’air ayant un caractère gênant ou nuisible pour la santé humaine, pour l’environnement ou pour le patrimoine bâti. Au sens du Code de l’Environnement, elle est directement liée aux activités humaines.

La qualité de l'air résulte de la concentration résiduelle des composés polluants dans l'air ambiant. Ces concentrations sont extrêmement variables et sont le résultat de différents mécanismes et réactions entre :
  • la nature et les quantités des substances polluantes émises,
  • leur répartition spatiale et temporelle,
  • les phénomènes d’interaction entre molécules,
  • les paramètres climatiques (température, humidité de l’air, vents, brises locales…).

La qualité de l'air est un sujet qui touche de près à la qualité de vie des populations. Ainsi, selon une étude de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la pollution de l'air (extérieur et intérieur) serait à l'origine de plus de 2 millions de décès prématurés chaque année dans le monde, et pour plus de la moitié dans les pays en voie de développement (OMS, 2006).
Les notions de qualité et de pollution de l’air font donc référence à des phénomènes particulièrement complexes, qui concernent de nombreuses molécules, issues de processus et d’activités très diverses, et qui peuvent avoir des répercussions au niveau mondial aussi bien que local.

Au niveau local, les phénomènes de pollution concernent en premier lieu les zones urbaines et les habitations où se situent la plupart des sources polluantes anthropique. Cette pollution de proximité constitue un facteur de risque sanitaire important en raison de la présence de population au voisinage des sources de pollution.

Au niveau régional ou national, on constate des phénomènes de pollutions à longue distance liés au transport des polluants par les vents ou à la formation de polluants secondaires. Cette pollution peut venir s'ajouter à la pollution de proximité dans les zones urbaines.

Au niveau de la planète, la modification de la composition de l'atmosphère en gaz à effet de serre entraîne des modifications climatiques qui ont de graves conséquences pour l'homme et les écosystèmes.

Par ailleurs, si ce chapitre explore en priorité les spécificités de la pollution de l’air extérieur, il n’en reste pas moins que la problématique de la qualité de l’air intérieur constitue également un enjeu prégnant, tant en termes de connaissances scientifiques que de solutions techniques. Rappelons que nous passons de 80 à 90% de notre temps dans des lieux clos (Air Breizh, 2011). Les polluants de l'air intérieur ne seront pas traités dans ce chapitre.

Panorama des principaux polluants atmosphériques

Les polluants atmosphériques sont des substances gazeuses, liquides ou solides, émises directement dans l’air par une source naturelle ou anthropique polluants primaires) ou résultant de la transformation d’autres substances (polluants secondaires).
L’ozone est par exemple issu de la transformation chimique de polluants primaires (oxydes d’azotes, composés organiques volatils ou COV, monoxyde de carbone CO…) sous l’action du rayonnement solaire.

Chaque polluant atmosphérique d’origine anthropique peut être décrit par les procédés et secteurs d’activité à l’origine de sa production et les impacts constatés sur la santé humaine et l’environnement en fonction de sa concentration dans l’air extérieur ou intérieur (Cf. Tableau 1).

On distingue deux principaux types de sources polluantes :
  • les sources fixes : activité industrielle, production d’énergie, agriculture, résidentiel (chauffage)…
  • les sources mobiles : ce sont les sources de pollution liées aux transports et aux déplacements (routier, aérien, maritime…).
La pollution atmosphérique peut avoir plusieurs types d'effets sur l'environnement, en fonction de la nature des polluants :

  • Pollution acide : dépôts secs ou humides de composés acides qui provoquent des atteintes à la qualité des sols (destruction des micro-organismes, élimination des éléments nutritifs, libération de métaux toxiques...), l'acidification des milieux aquatiques (atteintes à la flore et la faune) ainsi que des dommages à la santé humaine, la végétation, aux matériaux et bâtiments (effet corrosif) (site internet Buldair).
  • Pollution photochimique  (ou photo-oxydante) : formation de composés oxydants (tel que l'ozone) à partir de polluants primaires qui provoquent des atteintes à la santé humaine, aux végétaux et qui accentuent le pouvoir acidifiant de certains polluants (site internet CITEPA).
  • Pollution toxique : émission de substances toxiques pour les organismes vivants (métaux lourds, polluants organiques persistants, pesticides...).
  • Changement climatique : émission de gaz à effet de serre.
En rapport avec ces effets avérés ou potentiels, les concentrations dans l’air de plusieurs substances sont encadrées réglementairement par des objectifs de qualité ou valeurs cibles, des seuils de recommandation et d’information ou d’alerte :
  • Les objectifs de qualité sont définis par l'Organisation Mondiale de la Santé et visent à réduire fortement les risques sanitaires.
  • Les seuils de recommandation et d'information du public sont les concentrations au delà desquelles une exposition de courte durée a des effets limités et transitoires sur la santé des individus les plus sensibles. Des mesures d'information du grand public et des recommandations sanitaires et comportementales doivent être diffusées.
  • Les seuils d'alerte sont les concentrations au delà desquelles une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine ou de dégradation de l'environnement. Des mesures d'urgence doivent être prises.
Les seuils d'information du public et d'alerte sont définis dans l'annexe 1 du Décret n°98-360 du 6 mai 1998.

Le tableau suivant présente les polluants atmosphériques les plus fréquents, leurs sources d'émission ainsi que leurs principaux effets sur la santé et l'environnement.

Tableau 1 : Panorama des principaux polluants atmosphériques : sources et effets
sur la santé humaine et l'environnement

  Origine des émissions Impacts (avérés dans certaines conditions
d'exposition, spécifiques de chaque polluant)
Polluant
atmosphérique
Principales sources émettrices Principaux
secteurs émetteurs en
Bretagne
(dans l'ordre d'importance)
Sur la santé
humaine
Sur l'environnement
Dioxyde de carbone
(CO2)
Combustion (production d'électricité, chauffage,
transports...)
Transport,
résidentiel
et tertiaire

Effet de serre,
acidification du milieu marin
Dioxyde soufre
(SO2)
Combustion (production
d'électricité, chauffage,
véhicules...)
Industriel,
résidentiel
et tertiaire
Irritation des muqueuses,
de la peau et des voies
respiratoires supérieures
Acidification des
milieux naturels
Oxydes d'azote
(NOX)
Combustion (production
d'électricité, chauffage,
véhicules...)
Transports
(route)
Irritation des bronches, accrois-
sement des infections pulmo-
naires, hyperactivité bronchique
chez l'asthmatique
Précurseur
de l'ozone, pollution acidifiante, atteinte de
la couche d'ozone
Sulfure d'hydrogène
(H2S)
Décomposition organique,
production de papier,
de viscose...
Industriel Irritation des yeux, gorge,
nez, poumons, et à forte
concentration pertes
de connaissance ou décés
Acidification des
milieux naturels
Ammoniac
(NH3)
Elevage, fertilisation des
sols, chimie industrielle
Agriculture Irritation des yeux, gorge,
nez, poumons, à l'extrême
oedème pulmonaire
Eutrophisation des
milieux aquatiques,
toxicité pour les
poissons
Composés organiques volatils non méthaniques
(COVNM)
Combustion (chauffage,
transports routiers...)
Transports,
résidentiel
et tertiaire
Irritation des yeux, gorge,
nez, poumons, diminution
des capacités respiratoires
et effet cancérigène et mutagène
pour certains
Précurseur
de l’ozone
Effet de serre
Particules totales en suspension
(TSP)
Echappement, pneus,
moteurs diesel, combus-
tion, procédés industriels,
exploitation de carrières
Agriculture
(labours)
Transports
Irritation des voies
respiratoires inférieures, altéra-
tion des fonctions respiratoires
et effet cancérigène
et mutagène pour certaines
Effets sur
la photosynthèse,
dégradation des
matériaux du bâti
Ozone
(O3)
Résultat de
transformations, sous l’effet
du rayonnement solaire,
entre COV, CO, NOx

Troubles respiratoires,
irritations oculaires
Pollution photo-oxydante (déficits
de croissance des
espèces végétales),
effet de serre
Monoxyde
de carbone (CO)
Combustion (résidentiel,
construction, transports),
tabagisme pour l’air
intérieur
Transports,
résidentiel
et tertiaire
Maux de tête et vertiges,
à l’extrême effet asphyxiant
pouvant provoquer le décès
Précurseur de
l’ozone et du CO2, acidification des
milieux naturels
Méthane (CH4) Fermentation entérique
et gestion des déjections,
industrie
Agriculture Non toxique hormis asphyxies
si le méthane prend la place
de l’oxygène dans l’air
Effet de serre
Dioxines et furanes Incinération des déchets
ménagers, industrie
manufacturière
Industriel Effets cancérigènes
et hormonaux (fonctions
de reproduction), chloracné
Toxique pour les organismes vivants (contamination
des chaînes
alimentaires)
Phytosanitaires Traitement des cultures Agriculture Effets pressentis cancérigènes, neurologiques et perturbateur
endocrinien
Contamination et
dégradation des
écosystèmes

Sources : d'après Air Breizh (2009), DRIRE (2008) et Conseil régional de Bretagne (2009)

La pollution de l'air dans le Morbihan

En matière de polluants atmosphériques, la Bretagne est en premier lieu concernée par les émissions d'ammoniac qui représentaient 19% des émissions nationales en 2000 (CITEPA 2005). Celui-ci est issu à plus de 99% du secteur agricole. Viennent ensuite des polluants plus "urbains" tels que les particules, les oxydes d'azote, l'ozone... Leurs émissions sont globalement partagées par tous les secteurs d’activités (Cf. Tableau 1), avec cependant une prédominance des transports routiers et du secteur résidentiel tertiaire. Par ailleurs, la Bretagne est également concernée par la présence de composés de produits phytosanitaires dans l'air.

Bien que les estimations réalisées dans le cadre du PRQA Bretagne 2008-2013 (Plan Régional pour la Qualité de l'Air) soient soumises à de fortes incertitudes (manque de données sur les quantités de produits phytosanitaires utilisées, utilisation de facteurs d'émissions moyens pour l'Europe occidentale, pas de prise en compte des usages par les particuliers, entreprises et collectivités...), la présence de produits phytosanitaires dans l'air est considérée comme un enjeu fort de la qualité de l'air en Bretagne.

La qualité de l'air urbain dans le Morbihan

Dans le Morbihan, la qualité de l'air urbain est suivie, par l'association Air Breizh, dans les agglomérations de Lorient et de Vannes.

Les concentrations dans l'air des polluants suivants sont mesurées en continu :
  • dioxyde de soufre,
  • dioxyde d'azote,
  • ozone,
  • particules fines de diamètre aérodynamique inférieur ou égal à 10 µm (PM10) ou 2,5 µm (PM2,5).
Par ailleurs, des prélèvements peuvent être réalisés pour compléter les mesures sur certains polluants tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les métaux lourds ou les pesticides.
Suivi du dioxyde de soufre :
Les concentrations mesurées sont très faibles en Bretagne en raison du peu d'émetteurs (secteurs de l'industrie manufacturière et de la transformation de l'énergie).
Depuis 1980, les émissions de SO2 ont diminué de plus de 90% en France (CITEPA). Cette baisse  a été permis par :
  • la baisse de consommation d'énergie fossile du fait de la mise en place du programme électronucléaire français,
  • les progrès réalisés par les exploitants industriels en faveur de l'utilisation de produits moins soufrés,
  • le durcissement des dispositions règlementaires.
Suivi du dioxyde d'azote :
Les concentrations moyennes annuelles à Lorient et Vannes sont stables cependant les concentrations maximales horaires ont tendance à augmenter au fil des années (Cf. Figure 1). Les améliorations techniques des rendements des moteurs ont permis une réduction des émissions mais celle ci est compensée par la hausse du trafic automobile et la dieselisation du parc routier.

  • Objectif de qualité (moyenne annuelle) : 40 µg/m3
  • Seuil de recommandation et d'information (maximum horaire) : 200 µg/m3
  • Seuil d'alerte (maximum horaire) : 400 µg/m3


Figure 1 : Evolution des concentrations moyennes annuelles (axe principal) et maximales
horaires (axe secondaire) en NO2 sur les sites de Lorient Bissonnet et Vannes Roscanvec,
comparaison avec les moyennes annuelles sur l'agglomération rennaise et
en France (stations urbaines)

Source : Air Breizh, SOeS

Suivi de l'ozone :
Les concentrations moyennes annuelles sont globalement stables depuis 2003, cependant le seuil de recommandation et d'information du public a été dépassé plusieurs fois en 2005 et 2006 et le seuil d'alerte lors de la canicule de l'été 2003 (Cf. Figure 2). L'objectif de qualité sur 8 heures de 120 µg/m3 est, en outre, régulièrement dépassé à Lorient et Vannes : 7 fois à Lorient Bissonnet et 6 fois à Vannes Roscanvec en 2012 et respectivement 3 et 12 fois en 2011.

Le Finistère sud et le Morbihan sont exposés à des taux d’ozone plus importants qu’ailleurs en Bretagne en raison des conditions géographiques et climatologiques (Conseil régional de Bretagne, 2009) (Cf. chapitre : “Le climat”).

En effet, si les caractéristiques du climat breton sont globalement favorables à la dispersion des polluants, certains effets particuliers, comme l’influence de brises de terre et de mer, font que l’on relève des niveaux de pollution à l’ozone qui peuvent être momentanément élevés dans certaines zones.
Ainsi, le record de concentration atteint à Vannes lors de l'été 2003 (279 µg/m3) n'a été atteint que dans 4 autres régions cet été là (Ile de France, Languedoc-Roussillon, PACA et Rhône Alpes) (Air Breizh, 2003).


Figure 2 : Evolution des concentrations moyennes annuelles et maximales
horaires en O3 sur les sites de Lorient Bissonnet et Vannes Roscanvec,
comparaison avec les moyennes annuelles sur l'agglomération rennaise et
en France (stations urbaines)

Source : Air Breizh, SOeS

Suivi des particules (réalisé uniquement à Lorient) :
Les concentrations moyennes annuelles en PM10 ne montrent pas d'évolution notable ces dernières années. Par contre le seuil de recommandation et d'information du public (50 µg/m3 sur 24 heures) a été dépassé à 23 reprises en 2012 (Air Breizh, 2012).

A noter que ce seuil a été abaissé de 80 à 50 µg/m3 sur 24 heures au 1er janvier 2012, ce qui explique le nombre important de dépassements.

Concernant les PM2,5, la concentration moyenne annuelle en 2012 est largement inférieure à la valeur limite fixée par la règlementation.

La qualité de l'air en milieu rural

En milieu rural, les émissions de polluants sont principalement  liées à l'activité agricole.
La Bretagne est ainsi la première région française émettrice d'ammoniac.

L'ammoniac est un gaz qui se forme à partir de l'urine et de la fermentation de la matière organique. Il est émis lors de l'épandage des lisiers provenant des élevages ainsi que lors de la transformation des engrais azotés présents dans les sols par les bactéries.
C'est un gaz toxique, notamment pour les milieux aquatiques, qui contribue au phénomène d'eutrophisation et à l'acidification des sols. C'est également un irritant pour le système respiratoire et peut être mortel à très forte dose (sites internet Air Breizh et CITEPA).

L'association Air Breizh présente dans le cadastre des émissions atmosphériques une cartographie des émissions d'ammoniac dans le Morbihan en 2003 (Cf. Carte 1).

Sa construction obéit à une méthodologie de référence, développée par l’Agence Européenne de l’Environnement, permettant de croiser des données caractéristiques de l’activité bretonne (industrie, agriculture, transports, résidentiel et tertiaire, naturelle) à des facteurs d’émission relatifs à un polluant et une activité.

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Carte 1

Carte 1 : Cartographie des émissions d'ammoniac (NH3) dans le Morbihan en  2003

Globalement toutes les sources sont superposées à l’échelle de la commune par polluant et les émissions sont sommées.
Pour les émissions liées à l'élevage, les données d'entrée sont principalement les cheptels par type d'animal et les quantités d'azote produites.
Certains types d'élevages, peu fréquents en Bretagne (ânes, chevaux, caprins et ovins) n'ont pas été pris en compte dans les calculs.

D'après le registre des émissions polluantes, 1781 tonnes d'ammoniac ont été rejetées dans l'atmosphère en 2011 par les élevages morbihannais soumis à la déclaration annuelle des émissions au titre de la législation sur les ICPE.

Cf. Chapitre : "L'industrie"


L'agriculture contribue également à l'émission de pesticides et de particules dans l'atmosphère.

En 2005, une campagne de mesure réalisée par Air Breizh a détecté la présence de 18 composés de pesticides (sur 32 étudiés) à Pontivy (Air Breizh, 2006).
Parmi ceux ci, les concentrations les plus élevées concernaient trois molécules volatiles et toxiques :
  • le fempropimorphe (fongicide),
  • la fempropidine (herbicide),
  • l'alachlore.
Mais également du lindane, dont l'utilisation est interdite depuis 1998 et certaines molécules particulièrement toxiques pour l'homme (alachlore, chlorothalonil...).

Pollution de l'air et algues vertes

Lors de leur décomposition, les algues vertes émettent différents composés, notamment du sulfure d'hydrogène et de l'ammoniac.
Le sulfure d''hydrogène est un gaz particulièrement dangereux qui peut provoquer des intoxications aiguës graves voire mortelles à très forte concentration. Il est ainsi à l'origine de plusieurs morts d'animaux à proximité d'amas d'algues en putréfaction.

Une évaluation des risques sanitaires menée par l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail) en 2010 (Manet, 2011) a montré que les échouages massifs d'algues sur les plages pouvait être à l'origine de nuisances pour les riverains telles que des mauvaises odeurs ou des irritations des voies respiratoires et des yeux. Lorsque les échouages d'algues sont limités ou si elles sont ramassées, les risques d'apparition de ces effets sont très faibles.
Le risque sanitaire d'intoxication aiguë est présent en cas de perçage de la croûte que peuvent former les dépôts d'algues en séchant, ou en cas de chute dans une zone où les algues se sont accumulées.
L'ANSES recommande donc de lutter contre le phénomène d'eutrophisation  à l'origine des proliférations d'algues ainsi que d'éviter l'exposition du public en procédant au ramassage des algues lorsque cela est possible, au balisage des chantiers de ramassage et à l'information des usagers, promeneurs et riverains sur les risques.

Dans le Morbihan, plusieurs sites littoraux sont concernés par les échouages d'algues vertes. Cependant, d'après le suivi réalisé par le CEVA (Centre d'étude et de valorisation des algues), le département reste moins touché par le phénomène que le Finistère ou les Côtes d'Armor.

Cf. Chapitre : "L'atteinte à l'eau et aux milieux aquatiques"

Pollution de l'air au radon

Le radon est un gaz radioactif d'origine naturelle émis notamment par les sous-sols granitiques et volcaniques. Il provient de la dégradation de l'uranium 238 qui est un constituant de la croûte terrestre.
Les risques tiennent à sa radioactivité. Le radium est ainsi reconnu comme cancérigène pulmonaire par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) depuis 1987.

En raison de la nature de son sous-sol (Cf. Chapitre : "La géologie"), la Bretagne fait partie des régions les plus exposées au radon avec les Vosges, le Massif Central et la Corse.
En atmosphère libre, il est dilué par les courants aériens et sa concentration est faible mais dans les bâtiments, le radon peut peut s'accumuler et atteindre des niveaux de concentration importants.

Pour plus d'informations : http://www.irsn.fr
Des mesures réalisées dans des habitations dans le cadre de l'Atlas Radon (Gambard, Mitton et Pirard, nc) ont montré une concentration moyenne de 142 Bq/m3 dans les habitations du Morbihan (l'OMS recommande un niveau de référence de 100 Bq/m3). Cette campagne a été réalisée sur 2 périodes (1986-1987 et 1997-1998), 327 mesures ont été réalisées dans 164 communes du département.

Une autre campagne de mesure menée sur la région entre 2006 et 2008 rend compte d'une concentration moyenne de 218 Bq/m3 dans les logements bretons. Elle montre par ailleurs que certaines caractéristiques des logements, comme la période de construction, l'absence de vide sanitaire et de ventilation, peuvent aggraver les expositions (DRASS Bretagne, 2009).

Le changement climatique

Le climat évolue naturellement suivant des cycles de périodes plus ou moins longues (Cf. chapitre : "Le climat"). Cependant, depuis le début du siècle, il a été constaté une augmentation de la température moyenne à la surface de la terre de 0,76°C qui est très probablement liée à l’augmentation de la concentration de Gaz à Effet de Serre  (GES) d’origine anthropique  dans l’atmosphère.

En France, l’augmentation des températures moyennes au cours du 20ème siècle est de l’ordre de 1°C avec une tendance à l’accélération depuis le milieu des années 1970.

Pour la Bretagne et le Morbihan, on ne dispose pas de séries de données d’aussi longue durée, cependant l’évolution des températures observées localement va dans le même sens qu’au niveau national.
Entre 1950 et 2007, on observe ainsi une hausse des températures minimales moyennes annuelles d'environ 1,1°C à la station météorologique de Ploërmel (Cf. Figure 3).
Le nombre de jours de gel par an est également en diminution. A la station de Ploërmel, il est passé de 47,9 jours sur la période 1955-1980 à 38,2 jours sur la période 1980-2005.

L’augmentation de l’occurrence des événements extrêmes, autre signe possible du dérèglement climatique, semble par contre difficile à démontrer aujourd’hui dans le Morbihan bien que les écarts aux normales soient nombreux ces 20 dernières années (tempêtes de 1987, 1990, 1999 et 2008, canicules de 2003 et 2006…).


Figure 3 : Evolution des températures minimales
moyennes à la station de Ploërmel entre 1951 et 2007

Source : Météo France


Le régime des vents sur le grand ouest connaît également une évolution. Les variations de la direction des vents dominants sont plus marquées et le pourcentage de vents forts augmente de façon significative depuis la fin des années 70 (Lemasson, 1999).

Le réchauffement climatique a également des impacts sur le milieu marin :
  • Augmentation de la température moyenne de l'océan : il a été constaté un réchauffement de 0,4°C dans les 300 premiers mètres de l'océan Atlantique au cours des 2 dernières décennies dans l'hémisphère nord (Tréguer, Lhuillery et Viard, 2009).
  • Elevation du niveau marin liée à la dilatation de l'eau de mer : le marégraphe de Brest a noté une élévation moyenne du niveau marin estimée à 1 mm/an sur la période 1906/2006 (Cf. Figure 4) (Tréguer, Lhuillery et Viard, 2009).
  • Acidification des océans liée à la dissolution dans l'eau de mer du CO2 atmosphérique : des mesures montrent que le pH moyen à la surface de la mer a diminué de 0,1 unité depuis le début de la révolution industrielle (GIEC, 2007).


Figure 4 : Evolution du niveau marin mesuré à Brest entre 1846 et 2011

Source : REFMAR

Selon les prévisions du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) publiées en 2007, la température moyenne mondiale pourrait augmenter, selon les scénarios, de 1,5 à 5,8°C d’ici la fin du siècle (GIEC, 2007).
La publication du 5ème rapport d'évaluation du GIEC en 2013 a permis d'améliorer les projections des changements climatiques à venir. Ainsi, l'augmentation de la température moyenne en surface du globe pour la fin du 21ème siècle dépassera probablement 1,5°C pour 3 scénarios étudiés sur 4. Elle dépassera probablement 2°C pour 2 scénarios mais sera probablement inférieure à 3°C pour 3 scénarios sur 4 (GIEC, 2013).
Le rapport note également que la vitesse d'élévation des océans dépassera très probablement la vitesse observée sur la période 1971-2010 en raison du réchauffement accru des océans et de l'augmentation de la perte de masse des glaciers et calottes glaciaires (GIEC, 2013).

En France métropolitaine, la température moyenne pourrait augmenter de 2 à 3,5°C d'ici 2100 d'après les projections climatiques réalisées par le Centre National de Recherche Météorologique de Météo-France et l'Institut Pierre Simon Laplace (Blanchard et Le Guellec, 2009).
Dans l'ouest de la France, l'utilisation du modèle ARPEGE-Climat de Météo-France a montré une élévation de température de 0,2 °C par décennie jusque vers 2030-2040 puis un réchauffement accéléré dans la seconde moitiée du 21ème siècle.

Les données montrent également une baisse des précipitations durant l'été et le printemps et une augmentation durant la période hivernale. Ces résultats concernant les précipitations sont cependant à interpréter avec précaution en raison des nombreuses incertitudes (Dubreuil, Quénol et al., 2012).

Les conséquences du changement climatique seront multiples, tant sur les plans environnementaux qu’économiques. Quelques-uns de ces impacts sont présentés ci-après. Ils sont cependant à considérer avec prudence en raison des incertitudes existant et peuvent évoluer en fonction des connaissances.

Impacts sur les sols, l'eau et la qualité de l'air

Impacts sur les sols :
La région possède, comparativement au reste de la France, des sols généralement riches en matière organique. Cependant, il a été constaté une baisse de sa teneur depuis 30 ans (Cf. chapitre “L'agriculture”). Or la baisse de la teneur en matière organique affecte l'activité biologique des sols, leur stabilité et leur capacité à stocker les nutriments et à absorber et dégrader les polluants (Collectif, 2003).

Le changement climatique risque d'aggraver ce phénomène. Des modélisations réalisées pour des sols cultivés et des prairies montrent par exemple que les évolutions climatiques du siècle prochain pourraient se traduire par une baisse de 10 à 15% des stocks en matière organique des sols (Gruau et al., 2012).
Le changement climatique pourrait également aggraver les phénomènes d'érosion des sols (GIEC, 2007).
Impacts sur l'eau :
Le changement climatique devrait impacter le compartiment "eau" de l'environnement en modifiant, directement ou indirectement, de nombreux processus en lien avec le cycle de l'eau (Plus et Haquin, 2012) :
  • les précipitations,
  • les phénomènes d'évaporation, d'évapotranspiration,
  • les écoulements,
  • les usages des sols...
Dans le Morbihan, des simulations réalisées sur le bassin du Scorff ont montré une diminution des débits des cours d'eau au cours du 21ème siècle, un allongement de la période d'étiage et une reprise plus tardive des écoulements en hiver. Selon les projections, les débits pourraient ainsi diminuer dans un futur lointain (2100) de 20 à 25% par rapport à ceux du passé récent.
Les zones humides seraient également impactées avec une diminution de 10 à 20% de leur surface en tête de bassin en 2100 (Mérot et al., 2012).

Par ailleurs, en raison de son contexte hydrologique (ressources souterraines modestes, nombreux bassins versants isolés hydrographiquement.... Cf. chapitre “L'eau”), le réseau hydrographique breton est particulièrement sensible aux variations climatiques ce qui pourrait aggraver les effets du changement climatique (Plus et Haquin, 2012).

Les impacts sur la qualité de l'eau sont moins connus, cependant les phénomènes de pollution des eaux pourraient être aggravés par les changements climatiques (Bates et al., 2008).

La qualité de l'eau pourrait ainsi être impactée par :
  • l'augmentation des flux sédimentaires en raison de l'accroissement des précipitations hivernales (Viel, Vongvixay et al., 2012),
  • la modification de la teneur en matière organique (Mérot, 2011),
  • l'augmentation de la charge en agents pathogènes et le développement d'espèces phytoplanctoniques telles que les cyanobactéries (Massu et Landmann, 2011).

Concernant les eaux marines, l'augmentation de la température moyenne, l'élévation du niveau marin et l'acidification de l'eau de mer déjà constatées devraient se poursuivre au cours du siècle prochain.
Des études prévoient notamment :
  • une augmentation de la température de surface de la mer du Nord de 3°C d'ici 2100 (Roussel et al., 2012),
  • une élévation du niveau marin comprise entre quelques centimètres à une dizaine de centimètres pour les littoraux du massif armoricain et les eaux du Golfe de Gascogne d'ici 2100 (Tréguer, Lhuillery et Viard, 2009),
  • une diminution du pH moyen des eaux marines de 0,3 unités au cours du 21ème siècle (Roussel et al., 2012)
Impacts sur la qualité de l'air :
Pollution de l'air et changement climatique sont deux phénomènes étroitement liés. En effet, d'une part ils sont tous deux causés, en grande partie, par les émissions dans l'atmosphère liées aux activités humaines, et d'autre part, ils exercent une influence l'un sur l'autre.
Ainsi, certains polluants peuvent, directement ou sous l'effet de réactions chimiques, participer au réchauffement climatique comme par exemple l'ozone. A l'inverse, l'augmentation de température de l'atmosphère notamment peut contribuer à une dégradation de la qualité de l'air via (Plus et Haquin, 2012) :
  • l'augmentation de la fréquence des épisodes de pollution photochimique,
  • l'augmentation des durées de libération du pollen,
  • l'augmentation des émissions de poussières en lien avec les épisodes de sécheresses ou d'incendies.

Dans le Morbihan, le développement des zones urbanisées devrait entraîner une augmentation des émissions de polluants atmosphériques liés aux transports et à l'habitat notamment. Cette dégradation de la qualité de l'air pourra être aggravée par le réchauffement climatique.

En outre, le département étant déjà exposé à un taux d'ozone plus élevé que dans le reste de la Bretagne (Cf. paragraphe sur la qualité de l'air urbain dans le Morbihan), les épisodes de pollution photochimique pourront être plus fréquents, notamment dans les zones urbaines et peri-urbaines (Plus et Haquin, 2012).

Impacts sur la biodiversité

Les observations effectuées par les scientifiques montrent qu’une multitude de systèmes naturels, terrestres ou aquatiques, sont touchés par les changements climatiques régionaux, et notamment par la hausse des températures (GIEC, 2007). Leurs impacts sur les écosystèmes restent peu connus et difficiles à quantifier, il est ainsi difficile de différencier les impacts du changement climatique d'autres facteurs tels que la surexploitation des ressources, les pollutions, la destruction d'espaces naturels... Il est cependant possible de distinguer différents types de réponses des espèces animales et végétales face à l’évolution du climat (Bardraud dans Fiers, 2006) :
  • des changements d’aires de distribution : la distribution géographique des espèces dépend en partie des conditions climatiques. Avec le réchauffement on s’attend donc à ce que les aires de distribution soient modifiées dans la mesure où les ressources alimentaires le permettront.
  • des changements démographiques : les dérèglements climatiques peuvent affecter la mortalité et la reproduction des populations.
  • des changements adaptatifs : les espèces peuvent s’adapter aux changements climatiques via le mécanisme de sélection naturelle.
  • des changements de phénologie  tels que la floraison des plantes ou le départ en migration de certaines espèces animales.

Ainsi, on note déjà quelques modifications telles que le déplacement d’aires de répartition de certaines espèces comme la chenille processionnaire du pin (Bouhot-Delduc, 2005), le Saint Pierre argenté (Zenopsis conchifer), une espèce de poisson à affinité tropicale, ou le gastéropode d’origine méditerranéenne Cyclope neritea (Tréguer, Lhuillery et Viard, 2009).

Le réchauffement climatique bénéficie également aux plantes d'origine méridionale, notamment celles qui vivent dans les milieux secs (dunes et autres milieux littoraux, bernes et talus routiers). Mais on peut s'attendre à ce que d'autres espèces progressent vers le nord (Rivière, 2007).

Les variation de phénologie peuvent avoir un impact sur les chaînes trophiques : par exemple décalage entre la disponibilité en nourriture et le calendrier des besoins alimentaires de l'avifaune (Massu et Landmann, 2011).

Les phénomènes climatiques exceptionnels comme les tempêtes ou les sécheresses peuvent modifier certains milieux naturels tels que les falaises, les cordons dunaires ou les forêts et avoir des impacts pour les espèces qui y vivent.

Enfin, la dissolution dans l'eau du CO2 atmosphérique d'origine anthropique provoque une acidification de l'eau de mer qui pourrait avoir un impact négatif sur certaines espèces marines.
En Bretagne, un seuil critique devrait être atteint avant la fin du siècle avec un possible impact sur la croissance d'organismes tels que les coccolithophoridés (algues unicellulaires), les coraux, les algues benthiques, les mollusques, les foraminifères ainsi que sur certaines de larves de bivalves (Treguer  al., 2009).

Impacts sur les activités humaines

Le changement climatique aura également des répercussions sur l’Homme et ses activités, dont certaines sont d’ores et déjà perceptibles. Les principales pour le Morbihan sont présentées ci dessous.


Agriculture et sylviculture :
Les principales conséquences du changement climatique sur l'agriculture et la sylviculture dans le département devraient concerner la moindre disponibilité en eau, le changement de productivité des cultures, des évolutions de production ainsi que les dates de semis et de récolte.
La diminution des précipitations en été mais surtout l'augmentation des températures et de l'évapotranspiration potentielle, et finalement l'augmentation de la fréquence des sécheresses devraient entraîner des besoins accrus en irrigation pour les cultures (Plus et Haquin, 2012) ou des adaptations des systèmes de production.

Par ailleurs, l'augmentation des températures et la diminution du nombre de jours de gel devraient entraîner une amélioration des rendements de certaines cultures (prairies, blé...), mais également, dans certains cas, une modification de la distribution des pollinisateurs, insectes ravageurs et de leurs prédateurs naturels ce qui pourra avoir des effets négatifs sur  la production végétale (Brisson et Levrault, 2010 et Massu et Landmann, 2011).

Les impacts attendus sur la production sylvicole dépendent des espèces considérées. En effet, certaines espèces méditerranéennes seraient favorisées dans le département (pin maritime par exemple) tandis que d'autres essences, comme le hêtre, pourraient décliner. Mais de manière générale, la productivité des forêts devrait décliner après 2050 en raison de l'augmentation des épisodes de sécheresse, des pullulations de ravageurs et du risque accru de feux de forêts (Massu et Landmann, 2011).


Infrastructures et habitat :
Les impacts attendus du changement climatique sur les infrastuctures et l'habitat sont principalement liés à 2 types d'évènements :
  • L'augmentation de la fréquence des évènements climatiques extrêmes, tels que les tempêtes ou inondations, qui devrait entraîner une augmentation des dégâts causés aux infrastructures et bâtiments.
  • L'élévation du niveau marin et l'érosion côtière qui pourraient avoir des conséquences sur les équipements construits en bordure du littoral.
Pour plus d'informations : Cf. chapitre : “Les risques naturels et technologiques”
Tourisme :
Le secteur économique du tourisme pourra également être impacté par les modifications climatiques. Ainsi, une étude menée par le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie sur la base d'un réchauffement de 3 à 4°C à l'horizon 2100 a identifié différents risques qui pourraient concerner le Morbihan (Le Scouarnec et Martin, 2008) :
  • Tensions sur la ressource en eau
  • Risque de dégradation de la qualité des eaux, support des activités nautiques
  • Vulnérabilité des côtes basses du fait de la montée du niveau marin, avec érosion côtière et impact possible sur l'activité de certaines stations balnéaires
  • Augmentation des risques sanitaires (développement de pathologies, dégradation de la qualité de l'air, épisodes de canicules...)
  • Fréquence plus forte des évènements extrêmes : tempêtes, inondations, feux de forêt...
  • Evolution des paysages.
Néanmoins, l'augmentation des températures et la diminution des précipitations entraîneront un allongement de la période estivale, ce qui pourrait avoir des conséquences positives sur la fréquentation touristique du département.


Pêche et cultures marines :
Différents impacts du changement climatique sur le milieu marin seront susceptibles d'avoir des conséquences sur l'activité de pêche et de culture marine en Bretagne (Plus et Haquin, 2012) :
  • les modifications d'aires de distribution et de périodes de reproduction de nombreuses espèces marines,
  • la dégradation de la qualité de l'eau, avec des phénomènes d'eutrophisation et la modification de la composition phytoplanctonique,
  • l'acidification des eaux marines pourra avoir un impact sur le développement de certains organismes tels que les huîtres ou les moules...
D'autres secteurs économiques du département pourront être impactés tels que (Plus et Haquin, 2012) :
  • L’énergie : augmentation des besoins en période chaude, déficit de production d’hydroélectricité en raison de la baisse des débits, dégâts sur le réseau d’alimentation en raison des tempêtes.
  • Les transports : vulnérabilité des infrastructures de transport aux évènements climatiques extrêmes, modification des origines-destinations liées à la répartition temporelle des flux, la répartition géographique des populations et activités et l’attrait des destinations touristiques.
  • Les banques et assurances : augmentation des coûts induits par les dégradations causées par les évènements climatiques extrêmes.
  • Les industries : vulnérabilité aux risques naturels et technologiques (évènements climatiques extrêmes, inondations, incendies…).
Par ailleurs, tous les scénarios prospectifs étudiés par le Conseil Economique et Social Régional (Blanchard et Le Guellec, 2009) prévoient un effet positif sur le solde migratoire en Bretagne.

Ainsi, la tendance observée actuellement (Cf. Chapitre "La population et l'occupation du territoire") pourrait s'amplifier considérablement.
Une partie de cette population arrivant pourrait notamment être des "réfugiés climatiques" provenant de régions du monde particulièrement touchées par les conséquences du changement climatique.
Cette augmentation de population aurait des conséquences sur de nombreux secteurs :
  • le logement,
  • les services à la personne,
  • l'énergie,
  • le dimensionnement des équipements et infrastructures,
  • la cohésion sociale,
  • la solidarité,
  • etc.

Santé et qualité de vie

Le changement climatique pourra entrainer 3 grandes catégories d'impacts sur la santé :
  • les impacts en lien avec les évènements climatiques extrêmes,
  • les impacts liés à des modifications de l'environnement,
  • les émergences de maladies infectieuses.

Dans le Morbihan, le changement climatique devrait se traduire par une augmentation de la fréquence et de l'intensité des évènements climatiques extrêmes tels que les canicules, les tempêtes, les inondations...
Ces évènements pourront entraîner une dégradation de la qualité de vie liée à la déterioration des milieux de vie et aux pertes matérielles.

En matière de risques sanitaires liés à des modifications de l'environnement, on retiendra pour le Morbihan :
  • L'augmentation des affections respiratoires en raison de la dégradation de la qualité de l'air (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique ONERC, 2007) et de l'augmentation du nombre de personnes vulnérables (vieillissement de la population).

Les chenilles processionnaires du pin représentent
un problème de santé publique en raison
de leurs propriétés urticantes

  • L'augmentation des risques sanitaires liés à la dégradation de la qualité des eaux de baignade : contamination microbiennes, proliférations de cyanobactéries...
  • L'augmentation des risques sanitaires liés aux déplacements d'espèces animales dangereuses comme les chenilles processionnaires du pin et du chêne (Pascal, 2010).

Cependant, le changement climatique pourrait également avoir des impacts positifs sur la qualité de vie. Différentes études citent ainsi une baisse de la mortalité hivernale attendue grâce à l'augmentation des températures. Cette baisse pourrait compenser l'augmentation de la mortalité liée aux vagues de chaleur estivales (Pascal, 2010).
Concernant l'émergence de maladies infectieuses en lien avec le réchauffement climatique, les maladies à transmission vectorielle pourraient constituer un risque pour le département du Morbihan.
Il s'agirait alors de l'apparition de certaines maladies telles que des arboviroses ou du développement de maladies déjà présentes en métropole comme les leishmanioses (Rovillé, 2012).
Cependant de nombreuses inconnues existent sur ces phénomènes en raison de la complexité des écosystèmes en cause. Il n'est donc pas possible de caractériser précisement le risque sanitaire.

Concernant les maladies à transmission non vectorielle, l'importance des incertitudes empêche actuellement toute prévision (ONERC, 2007).

Synthèse et enjeux

La qualité de l’air et le changement climatique représentent des enjeux majeurs à l’échelle mondiale mais qui ont également des répercussions locales (Cf. Figure 5).

Bien que bénéficiant d’une pollution atmo- sphérique d’origine industrielle globalement faible, le Morbihan est aujourd’hui confronté à de nouveaux enjeux liés à la qualité de l’air :
  • les impacts sur la santé, aujourd’hui avérés, de certains polluants atmosphériques,
  • la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre,
  • les impacts du réchauffement climatique sur l’environnement mais également sur les activités humaines.
Si le changement climatique global est aujourd’hui bien démontré, ses traductions locales sont encore mal connues et soumises à de nombreuses sources d’incertitudes : hypothèses démo- graphiques, économiques, technologiques, variabilité naturelle…

L’Observatoire National des Effets du Réchauffement Climatique (ONERC) propose 3 grandes catégories d’impacts (Blanchard et Le Guellec, 2009) :
  • les impacts sur les politiques transversales (l’eau, les risques, la santé, la biodiversité…)
  • les impacts sur les secteurs d’activité (agriculture, énergie, tourisme, transports…)
  • les impacts sur les milieux (la ville, le littoral, la forêt…).
Il sera donc sans doute nécessaire que l’Homme réajuste ses activités dans de nombreux domaines. Et cela d’autant plus que la poursuite des émissions de GES au rythme actuel devrait accentuer le réchauffement et probablement provoquer des changements au cours du siècle à venir plus importants que  ceux observés pendant le XXème siècle (GIEC, 2007).

La France s'est engagée a réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici à 2020 et de les diviser par 4 d'ici à 2050 afin de contenir le réchauffement climatique à 2°C. Dans ce contexte, les collectivités territoriales auront  un rôle important à jouer, notamment en tant que donneurs d’ordres publics dans de nombreux secteurs (Cf. chapitre : “La lutte contre la pollution atmosphérique et le changement climatique”).
Pollution de l'air : causes et conséquences

Figure 5 : Pollution de l'air : causes et conséquences

Source : CNES -CNRS/INSU-MEN 2009, site internet Buldair

Sources et liens

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  • Air Breizh, 2012. Surveillance de la qualité de l'air en Bretagne - Bilan d'activité 2012. 40 p.
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